Le 12 juillet dernier, plusieurs millions de litres d'eaux usées non traitées ont été déversées dans l'océan près des côtes californiennes, dans la région de Los Angeles. La station d'épuration Hyperion, à ce jour la plus ancienne et la plus grande de la ville, a déversé plus de 64 millions de litres d'eaux usées dans l'océan. Ce genre d'événement, désastreux pour les écosystèmes océaniques comme pour la population, arrive plus souvent qu'on ne le croit. On pense notamment au cas de Southern Water en Angleterre, qui a récemment écopé d'une grosse amende pour déversement illégal.
Suite à ce déversement, six kilomètres de plage ont été fermés à la baignade et aux activités nautiques dans la région de Los Angeles entre El Segundo et Dockweiler RV Park. L'accumulation d'une quantité phénoménale de débris en est à l'origine : les installations se sont bloquées et n'ont eu d'autre
choix que de rejeter les eaux sales dans la baie de Santa Monica. Les débris en revanche ont pu être retenus par l'installation.
Bien que le déversement de ces eaux soit le plus important que la station ait jamais connu, il ne représente que 6% de la charge qu'elle traite quotidiennement. Habituellement les eaux traitées sont rejetées à 8 kilomètres des côtes et à environ 60 mètres de profondeur. Le 12 juillet dernier les eaux usées se sont déversées à 1,5 kilomètre au large et seulement 15 mètres de profondeur. Le département de la santé publique de Los Angeles a décrété que la population devait éviter tout contact avec l'océan jusqu'à ce que les échantillons d'eau soient testés négatifs à la présence de bactéries élevées.
Une question subsiste... D'où peut bien provenir cette quantité de déchets et pourquoi s'est-elle retrouvée là ? Un événement quasiment similaire s'était déjà produit en 2015, quand plus de 870 millions de litres d'eaux usées se sont retrouvés dans l'océan à moins de deux kilomètres des côtes. Cette fois les débris qui ont entraîné le déversement n'avaient pas pu être filtrés : un peu moins de 100 kilos de déchets médicaux se sont retrouvés dans l'eau avant de s'échouer sur les plages de Los Angeles.
Il faut savoir que ces déversements d'eaux usées, en quantité moindre, sont assez communs. 75 fuites ont été enregistrées en 2020 et en 2021 selon le groupe activiste américain de défense de l'environnement Heal the Bay. Elles ont contaminées l'océan ainsi que les rivières, les lacs et les ruisseaux. Ce mercredi 14 juillet le tronçon de plage (un des plus fréquentés de Californie du Sud) a été réouvert suite à des résultats satisfaisants et une quantité d'eau jugée acceptable.
Que vient faire la WSL là-dedans ?
La World Surf League et Heal the Bay ont annoncé publiquement ce jeudi un partenariat. L'objectif de cette alliance répond à des préoccupations locales : comment est-ce que la population peut-elle être informée le plus rapidement possible lorsque des déversements d'eaux usées ont lieu ?
La clarté et la limpidité des vagues
ne garantissent malheureusement pas l'absence de bactéries. La plupart
des nageurs comme des surfeurs ne se doutent parfois pas qu'ils se
baignent dans une eau contaminée. Particulièrement lorsque les zones de
baignade se trouvent à proximité des jetées, des récupérateurs d'eau
pluviale ou des ports fermés. Dans tous les lieux où l'eau circule mal
et ne se renouvelle que rarement. Les statistiques affirment qu'une
personne sur 25 tombera malade en nageant ou en surfant dans ces
eaux potentiellement polluées. Chiffre non négligeable. Les jeunes et les
personnes âgées sont particulièrement vulnérables aux maladies issues
de la pollution bactérienne.
La WSL s'est engagée dans un parrainage de trois ans pendant lequel elle soutiendra le Beach Report Card de Heal the Bay. Ce report n'est
autre qu'un bulletin créé par le groupe activiste pour tenir les
nageurs et les surfeurs informés de la qualité de l'eau à différents
endroits de la baie de Santa Monica. Il fonctionne selon un système de classement et d'alerte dans des lieux précis : Heal the Bay
prévoit de profiter de ce parrainage pour étendre le bulletin de
prévisions quotidiennes à 50 autres plages au cours des trois ans.
Le surfeur Conner Coffin s'est exprimé à ce sujet en tant que témoin de ce fléau : "En tant que surfeur, j'ai passé une tonne de temps dans l'eau depuis que je suis tout petit. J'ai toujours été attentif à la qualité de l'eau de mes plages locales. Malheureusement, il y a eu de nombreuses fois où la qualité de l'eau semblait très basse et où je suis tombé malade en surfant dans une eau sale. Je suis ravi que la World Surf League s'associe à Heal the Bay pour le bulletin des plages de Californie. Tout le monde mérite d'avoir accès à de l'eau propre pour surfer, nager et profiter de cette ressource précieuse qu'est notre seul océan ! »
La preuve une fois de plus que surf et écologie peuvent aller de paire et œuvrer pour la protection de nos mers et nos océans.
> Article par Ondine Wislez Pons.
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