- Initialement publié le 29 juillet 2022 -
La mer Méditerranée connaît cet été un épisode de canicule marine, qui inquiète par son importance, ce qu'elle révèle de l'état de la planète et l'impact qu'elle a sur les écosystèmes.
C'est quoi une canicule marine ?
Selon l'étude "A hierarchical approach to defining marine heatwaves" datant de 2016, une canicule marine se définit par "un événement prolongé et discret d'eau anormalement chaude qui peut être décrit par sa durée, son intensité, son taux d'évolution et son étendue spatiale". À l'instar d'une canicule terrestre, l'évènement est vu comme anormal "s'il dure cinq jours ou plus", avec des températures plus chaudes que 90% des chiffres collectés sur les 30 dernières années.
La définition de canicule marine proposée par l'étude visait à permettre une comparaisons à l'échelle planétaire ainsi qu'à permettre une avancée sur la compréhension de ces phénomènes. Si on sait que le dérèglement climatique accentue le réchauffement de l'eau, il est ainsi possible de l'observer factuellement.
Cette définition a notamment permis à l'article scientifique "Longer and more frequent marine heatwaves over the past century" paru dans Nature Communications en 2018, de statuer que le nombre de journées de canicules marines avait augmenté de 54% à l'échelle mondiale. Une hausse qui s'observe à tous les niveaux : fréquence, intensité et durée de ces épisodes.
Canicule marine en Méditerranée
Jean-Baptiste Sallée, océanographe et climatologue au CNRS expliquait à nos confrères de franceinfo que "sur les côtes françaises de Méditerranée on est au-dessus des normales saisonnières de 5 à 6 degrés et même au-delà". "Ce qui fait l'événement particulièrement inédit, c'est la longévité, la répétition de ces vagues de chaleur marine" ajoutait-il. Ainsi, sur les trois derniers mois, la mer aurait en réalité été en situation de canicule marine les 3/4 du temps, atteignant des sommets mesurés à 30°C.
Quelles conséquences pour l'environnement ?
Sans surprise, ces canicules marines menacent l'équilibre de la biodiversité (les êtres vivants comme les écosystèmes dans lesquels ils vivent). En mer Méditerranée, ce sont ainsi une cinquantaine d'espèces qui "font l'objet de forte mortalité" sous le coup des chaleurs marines, selon l'océanologue Jean-Pierre Gattuso, toujours au micro de franceinfo.
Le réchauffement de l'eau implique aussi la migration des espèces : plus de 1000 espèces exotiques auraient déjà migrées, parmi lesquelles des algues envahissantes et des poissons destructeurs, qui prolifèrent et menacent l'équilibre établi des écosystèmes.
Enfin, des conséquences pourraient aussi être observées sur la vie terrestre, la hausse des températures entraînant potentiellement des montées des eaux (l'eau échauffée se dilate et son volume augmente). Elle peut aussi être un facteur de hausse des orages et fortes pluies à l'arrivée de l'automne, du fait du taux d'humidité dans l'atmosphère et du contraste entre les températures terrestres et marines.
Le sujet franceinfo ici :