Environnement - Southern Water écope d'une amende de 90 millions de livres sterling

La société anglaise a déversé illégalement une quantité irréaliste d'eaux usées dans la mer.

- @oceansurfreport -
© Surfers Against Sewage

Le 9 juillet dernier la société anglaise Southern Water a été condamnée à une amende record de 90 millions de livres sterling pour avoir délibérément déversé des milliards de litres d'eaux usées brutes dans des mers protégées pendant plusieurs années, et ce dans un but purement financier.

Selon la déclaration du juge Jeremy Johnson, responsable du verdict, la société privée chargée de la collecte et du traitement des eaux usées aurait ainsi "déversé entre 16 et 21 milliards de litres d'eaux usées brutes dans certains des environnements les plus précieux et les plus délicats du pays". "Ces infractions témoignent d'un mépris choquant et généralisé pour l'environnement, pour les écosystèmes et les littoraux précieux et délicats, pour la santé humaine et pour les pêcheries et autres entreprises légitimes qui opèrent dans les eaux côtières" a t-il ajouté.

Cette lourde sentence est aussi due à l'absence d'évolution des pratiques de l'entreprise, qui avait jusqu'alors pas moins de 168 infractions et avertissements à son actif, pour des cas antérieurs de pollution environnementale. La sanction se veut ainsi punitive, mais aussi dissuasive pour les autres entreprises du secteur (comme pour la récidive de la principale concernée). Les actionnaires pourraient notamment faire pression en ce sens et pousser à la conformité réglementaire pour éviter de nouvelles pertes d'argent. Dans ce procès, l'entreprise a plaidé coupable à 6,971 rejets non autorisés d'eaux usées (source : gov.uk).

Les poursuites envers Southern Water ont été engagées suite à la plus grande enquête jamais menée par l'Agence pour l'environnement. C'est cette dernière qui a mis à jour une "infraction très grave et généralisée" commise par la société sur une période de près de six ans. En cause, d'énormes volumes d'eaux usées non traitées au large de la région du Kent et du Hampshire. Il s'agit à ce jour du pire crime environnemental des 25 ans d'histoire de l'Agence pour l'environnement.

L'enquête a ainsi porté sur 16 stations d'épuration appartenant à l'entreprise. Elle a révélé qu'entre janvier 2010 et décembre 2015, Southern Water a ainsi délibérément fait fonctionner ses stations d'épuration en sous-régime. Au lieu de traiter les eaux usées comme l'exige la loi, la société a stocké des millions de litres d'eaux usées avant de les rejeter dans la mer, certains écoulements pouvant durer des semaines. Au total, l'entreprise a admis des écoulements ayant duré 61 704 heures en cumulé (soit 2 571 jours : plus de 7 ans). Une enquête serait également en cours au sujet de déversements plus récents, lesquels visaient à éviter des pénalités financières et le coût de la modernisation et de l'entretien des infrastructures.

Dans son communiqué l'Agence pour l'environnement précise que ces déversements ont eu un impact négatif notamment sur l'industrie conchylicole ( cultures des coquillages : huîtres, moules...), l
aissant certaines zones impropres à la récolte pour la consommation humaine. Les rejets entraînant une détérioration à long terme de la qualité de la chair des coquillages, et donc une perte d'activité pour les producteurs.

L'entreprise a présenté ses excuses publiques via un communiqué, dans lequel elle rassure également ses clients sur le fait que leurs factures ne seraient pas impactées par cette amende.



Suite à ce verdict, la présidente de l'Agence pour l'environnement, Emma Howard Boyd, a déclaré : "La nature étant en crise, personne ne devrait tirer profit de l'affaiblissement des lois environnementales. Cette condamnation montre que les amendes pour les infractions environnementales commencent à atteindre le même niveau que les amendes les plus élevées pour les délits dans les services financiers, et c'est une bonne chose."

La ministre de l'environnement, Rebecca Pow a ajouté que "cette amende, la plus importante jamais imposée à une compagnie des eaux, est absolument appropriée et bienvenue.", tandis que David Jarrad, directeur général de la Shellfish Association of Great Britain, demandait à ce que l'amende soit utilisée pour dédommager le secteur. Il a également suggéré que l'Agence pour l'environnement (dont le budget a été réduit de 120 millions de livres à 40 millions de livres selon The Guardian)- reçoive une partie de la somme versée au Trésor Public.

Hugo Tagholm, président de l'organisation Surfers Against Sewage, a lui déclaré : "
Il est absolument scandaleux que Southern Water ait déversé des eaux usées brutes dans la mer pendant si longtemps, en dissimulant leurs traces pour pouvoir augmenter leurs profits. Ce capitalisme choquant et criminel est l'un des pires cas d'entreprises faisant délibérément passer les profits avant la santé des gens ou de la planète." Avant d'ajouter : "Ils ne font tout simplement pas un travail suffisant. L'industrie de l'eau doit mettre de l'ordre dans ses affaires et être tenue de rendre des comptes".

 
 

         
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