Interview exclusive OSRM du coach Aziz Bouchga recueillie lors de la sélection et de la préparation des jeunes lionceaux marocains du surf pour le Championnat du monde ISA & l’Eurosurf Junior 2016.
OSRM : Pourrais-tu te présenter à nos lecteurs et nous dire comment as-tu réussi à en arriver jusque là ?
Aziz : Je m’appelle Bouchga Aziz, j’ai 49 ans, ça fait maintenant près de 25 ans que j’œuvre dans le milieu du surf. J’ai commencé mes armes en tant qu’ancien compétiteur en aillant parcouru pas mal de vagues et après je suis parti vers l’étranger pour mes études et puis en même temps continuer dans la démarche du surf. Et depuis je me suis formé à ce métier qu’est l’entrainement. Contrairement à certains systèmes et mis à part les conditions légales d’avoir un diplôme pour pouvoir exercer et encadrer ce type d’activités, toutes mes formations annexes ont été faites après que moi même aie proposé ma vision, mes intuitions et ma façon de faire. Je suis allé si l’on peut dire, m’auto évaluer auprès des grandes instances universitaires. Donc je ne suis pas allé me former pour aller exercer mais plutôt l’inverse, une sorte d’autoformation, approuvée d’ailleurs par la suite, après m’être confronté à mes propres propositions. Aujourd’hui je suis diplômé d’un brevet d’Etat de 2nd degré depuis près de 15 ans pour le sport de haut niveau. Et la preuve que ça a été une bonne initiative est que d’autres structures et d’autres athlètes ont et font appel à moi pour les préparer aux épreuves ; donc je le prends comme une reconnaissance de mon boulot et je pense être dans la bonne mouvance pour l’instant.
OSRM : Quelle est ta relation avec le Maroc et qu’est-ce qui t’as poussé à revenir ?
Aziz : Revenir au Maroc a été plus une démarche personnel dans le sens où je suis marocain, j’ai grandi ici, mon parcours initiatique dans le surf c’est fait ici donc je réfléchissais à ce que je pouvais faire et apporter au pays en voyant tout le potentiel qu’il y a ici en terme d’espaces, d’athlètes, de sportifs en général. Sans parler de l’engouement et de la volonté de performance qu’on a ici.
OSRM : Que dirais-tu aux multiples jeunes marocains qui ne rêvent que d’aller à l’étranger ?
Aziz : Avant on pensait qu’il fallait essayer de s’expatrier pour continuer à progresser. Mais aujourd’hui je ne pense pas que ce soit une obligation, c’est un faux miroir, car avec tout ce qu’il y a ici comme structure et organisation, l’étranger ne doit être qu’un moyen pour aller s’auto évaluer. Au Maroc, quelque soit le domaine, on pense toujours autant, qu’ailleurs c’est mieux ; mais je ne pense pas que ce soit incontournable. Plutôt aller s’y confronter que de s’y installer.
OSRM : Quelles sont les objectifs et les activités de ce stage ? Quel est ta démarche et ta méthode pour dénicher les jeunes talents ?
Aziz : Aujourd’hui, ce stage a pour objectif la sélection et la préparation de la future équipe du Maroc pour le championnat du monde ISA où nous n’aurons que l’activité Surf. Ce qui est pas plus mal pour que je puisse me concentrer et me focaliser d’avantage et de cibler beaucoup mieux sur cette seule activité. Nous ouvrons du coup un certain nombre de place limité pour être au plus près des jeunes et être plus attentif même si on a essayé d’ouvrir au maximum puisque c’est une 1ere présélection. Tous ceux qui font parti du groupe ne sont pas d’office inscrit. Je n’ai à ce jour toujours pas écrit de liste et il y aura la volonté d’aller vers 3 situations de rencontres. A terme, je choisirai les personnes les plus en forme et les plus performantes par rapport à ce que l’on attend d’eux sur ces épreuves. Ne concevant pas que la sélection de l’équipe nationale ne se fasse qu’au travers un classement sur un tableau ; car pour moi ce n’est qu’un des outils d’évaluation.
OSRM : Qu’en est-il de la préparation physique et mentale ?
Aziz : Pour la préparation physique, étant donné que nous sommes avec des juniors, il n’y a pas énormément d’exigences. Il y a des routines que je leur enseigne dans la semaine par rapport à quoi faire et comment faire pour être et rester en forme et être apte à pouvoir fournir un effort performant. Maintenant, par rapport aux Açores, puisque c’est la 1ere épreuve, je connais personnellement les vagues et les conditions que l’on rencontre là-bas, donc je sais de quels types de préparation nous avons besoin, en terme de qualités physiques, de type de surf, etc. et je prendrai la responsabilité à la fin de choisir et de désigner les futurs retenus. Et peut être que cette sélection ne sera pas tout à fait en ligne avec le classement puisque d’autres paramètres auront été pris en compte. Ensuite il faudra faire attention aux quiproquos et malentendus, et que les jeunes ne se disent pas c’est bon je peux ne pas tout donner lors des compétitions. Bien évidemment je serai attentif au classement, à l’état d’esprit, à la régularité dans l’effort et à l’évolution au fur et à mesure des compétitions.
OSRM : A quand remonte la 1ere initiative du genre ? Pourquoi avoir choisi Oualidia cette fois-ci ?
Aziz : En 2007 à Mehdia, il y a eu un stage de présélection pour l’euro-junior 2008. Le choix d’Oualidia s’est fait pour plusieurs raisons. D’abord la diversité des vagues, ensuite l’espace d’accueil avec sa logistique qui nous permet d’avoir une certaine souplesse. Nous sommes également sur des espaces où il n’y a pas beaucoup de monde, ce qui évite la zizanie dans l’eau. Oualidia nous permet enfin d’avoir une diversité des conditions qui prépare encore un peu plus aux Açores.
OSRM : Pour ce qui est de la compétition qui va suivre, comment ça va se dérouler ? Quel est l’enjeu ?
Aziz : L’objectif est de prendre ce qui va suivre comme une réelle compétition en tant que telle. Elle arrive juste après le stage, ce qui va me permettre d’avoir une évaluation autre et complémentaire à celle du stage : comportement et attitude, capacité de mise en œuvre sous pression avec entre autres la présence de juges, le devoir de pôle position, etc. donc beaucoup de paramètres entrent en plus en compte. Une deuxième chose sera de voir si tout le travail technique de préparation en amont a été acquis ou pas. Car nous savons bien que sous stress nous avons les fâcheuses et mauvaises habitudes qui reviennent. Cela fait donc parti aussi de la maîtrise que doit avoir tout futur compétiteur.
OSRM : Pourquoi avoir choisi Casablanca Ain Diab pour lieu de compétition et qui organise ?
Amine (FRMSB) : Le lieu a été choisi par la Fédération Royale Marocaine de Surf et Bodyboard qui a choisi ce lieu avec un club d’accueil sur place, l’école Casa Surf School à Ain Diab. Le choix de Casablanca c’est d’abord pour la proximité, la logistique et la facilité d’accès. Car pour ce genre de compétition nous ne sommes pas dans une logique d’événementiel mais plutôt de concrétisation fonctionnelle du stage et nous avons besoin de nous concentrer sur la partie technique et sur le travail à accomplir. D’autant plus que toute l’équipe sera réunie à Casablanca pour cette compétition.
Aziz : Dans tous les cas cela ne nous empêchera pas de garder un œil très attentif sur les tous les compétiteurs de sorte à apprécier les qualités de chacun, et essayer de plus personnaliser et cibler les besoins de chacun de nos juniors à l’avenir pour voir s’ils peuvent bien évoluer. Car notre but est bel et bien de représenter les capacités du Maroc dans le monde dans ce sport au travers de ces jeunes espoirs.