Surf - Teahupo'o : Malik Joyeux et la vague d'une vie en 2003

Comme une légende ne meurt jamais, nous avons retracé l'un des moments clé de sa jeune carrière, qui s'est arrêté il y a 15 ans aujourd'hui.

- @oceansurfreport -

Le vendredi 2 décembre 2005, Malik Joyeux perdait la vie à l'âge de 25 ans suite à un accident à Pipeline. Comme une légende ne meurt jamais, nous avons retracé l'un des moments clé de sa jeune carrière : le jour où le Tahitien a choppé l'une des plus grosses vagues jamais shooté à Teahupo'o, sacrée Billabong XXL Heaviest Tube cette même année. Un instant qui a changé le cours de sa vie du jour au lendemain.

C'était une journée ordinaire, sous la tiédeur, l'eau cristalline et les tubes parfaits de la saison sèche à Teahupo'o. Il est 8h du matin, ce mardi 29 avril 2003, lorsque Tim McKenna rejoint la passe d'Havae. Les séries qui gagnent le récif tahitien ne dépassent alors pas les 1,50m. Si les heures et les barrels défilent, les conducteurs au commande des embarcations situées dans le channel redoublent soudainement d'attention, car la puissance de l'océan gagne en intensité. Après avoir éprouvé des difficultés à trouver une place au sein d'un bateau, Tim McKenna aperçoit "Cain Cain", un pêcheur local, rentrer d'une matinée passée en mer. Ce dernier propose au photographe basé à Tahiti de le rejoindre à son bord. Tout comme Malik Joyeux, si jamais l'opportunité d'une vague tractée s'offre à lui. "La taille des vagues atteint maintenant les 4m et personne n'est en mesure de les prendre à la rame", souligne Tim dans un article publié dans le N°192 de Surf Session Magazine.

"La vague continuait à gagner en taille. Quand je suis arrivé en bas pour mon bottom-turn, j'ai regardé en l'air mais je ne pouvais même pas voir le haut !" - Malik Joyeux

Raimana Van Bastolaer et Vetea David s'activent en jet-ski, s'échangeant tour-à-tour quelques barrels plus deeps les uns que les autres. Au cours de la session, les Tahitiens proposent à d'autres surfeurs locaux de se lancer. Malik hésite avant de finalement tenter sa chance. Raimana lui tend son gilet de sauvetage, mais le gamin de Moorea refuse de le porter : "Je ne voulais même pas envisager la possibilité de chuter. Si tu tombes dans ces conditions, tu deviens de l'histoire ancienne." Tracté par "Tonton", Malik s'envole vers une des premières bombes du jour, en évitant la prise de risque et en contrôlant sa trajectoire.

L'heure tourne. La houle gonfle. Un set rentre. Ça passe pour Cory Lopez, sans foot straps. Ça casse pour Strider Wasilewski, qui se fait rattraper par le foamball et garde en prime une empreinte du reef tahitien. En fin d'après-midi, Raimana regagne la passe et s'approche du bateau où est installé Malik. "Prend ça et tiens-toi prêt", lance-t-il au surfeur de 23 ans tout en tendant son gilet. Malik l'enfile, s'empare de la planche de Raimana et glisse ses pieds dans les foot straps. "Lance-moi sur une vague pas trop grosse", crie-t-il à son partenaire du jour.

Une onde se hâte vers le rivage et Raimana met les gaz. Lors de la prise d'élan, il se retourne vers Malik en lui hurlant : "Pas maintenant, pas maintenant, pas maintenant... Ne lâche pas la corde !" Puis vient le moment opportun. Le free-surfeur tahitien lâche le câble qui le relie au jet-ski, entame une interminable descente et effectue son bottom avant de se concentrer pour garder la seule trajectoire qui lui permettra de trouver une porte de sortie. "La vague continuait à gagner en taille. Quand je suis arrivé en bas pour mon bottom-turn, j'ai regardé en l'air mais je ne pouvais même pas voir le haut ! Au loin, je pouvais apercevoir les bateaux qui semblaient minuscules à côté de ce géant", racontait après-coup Malik. Raimana vient chercher son compatriote à la sortie de ce long tube existentiel. "J'ai sauté sur le jet-ski et j'ai serré Raimana en le remerciant. Puis il m'a attrapé le bras et l'a pointé au ciel en me disant : 'Regard Malik, comme tout le monde a l'air heureux'."

Photo à la une : Tim McKenna dans le N°192 de Surf Session Magazine.

 
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