En Chine, le mascaret de Qiantang, un fleuve qui traverse la baie de Hangzhou avant de se jeter dans la mer de Chine Orientale, est considéré comme l'un des plus puissants du monde. Chaque année lorsque la marée est la plus forte, cette vague surnommée le "Dragon Argenté" déferle sur des dizaines de kilomètres à une vitesse impressionnante, suscitant un profond engouement pour les communautés locales. La semaine dernière, PV Laborde et Romain Laulhé ont participé au Silver Dragon Shootout, un contest qui réuni neuf nations des quatre coins du globe afin d'en découdre sur le mascaret chinois. Une expérience haute en couleur que surfeur landais et ostéopathe nous raconte.
Surf Report : Comment vous vous êtes embarqués dans cette aventure du Silver Dragon Shootout en Chine, Romain et toi ?
PV Laborde : L'année dernière, Charly Quivront avait eu l'opportunité d'y participer et il avait emmené Romain avec lui. Mais cette année, avec le circuit QS, Charly n'a pas pu s'y rendre, du coup Romain m'a proposé de l'accompagner. C'était vraiment intéressant et honnêtement, je ne m'attendais pas à quelque chose d'aussi bien.
Non c'était la première fois et je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre. Avant de partir, j'avais essayé de voir avec Rico Leroy pour en surfer un du côté de Bordeaux mais ça ne s'est pas fait. J'irais peut-être en novembre, mais je risque d'être un peu déçu car en Chine, la vague est carrément fracassable ! (rires).
"Les rives sont remplies par des milliers de Chinois, c'est hallucinant comme c'est noir de monde."
Comment avez-vous vécu cette expérience ?
D'abord, l'ambiance était dingue ! Sur le plan international, ce n'est pas une compétition qui fait beaucoup de bruit mais il faut savoir qu'en Chine, c'est un événement énorme. Pas seulement pour le contest, mais pour la vague en soi. Les rives sont remplies par des milliers de Chinois, c'est hallucinant comme c'est noir de monde. Et puis elle passe une fois par jour, selon la marée et ses coefficients. Pendant le Shootout, on la surfe sur 30 kilomètres et pendant 1h30, mais elle commence à déferler bien avant.
La compétition se déroule sous quel format ?
Ce n'est pas une compétition classique. Il y a neuf équipes, une par pays, répartis sur des séries de trois par trois, avec l'Australie, la Chine, l'Afrique du Sud, Puerto-Rico, l'Espagne... Deux surfeurs par pays sont à l'eau avec un jet-ski, et les trois meilleurs vagues, notées sur 10, comptent pour le score final. L'un de nous deux prend une vague, il remonte sur le jet-ski, puis on alterne...
Et l'ambiance autour du contest est bonne ?Complètement, le but c'est de vivre chacun une expérience originale. Et malgré le prize money qu'il y a à la clé (15,000 $), il n'y a pas réellement de pression. Toutes les équipes vivent ensemble pendant une semaine, on partait en bus le matin, on se rendait sur la vague, on surfait. Puis le soir on mangeait ensemble, on buvait une bière... C'était cool, rien à voir avec une compétition professionnelle.
Ce mascaret est considéré comme l'un des plus puissants au monde. Comment l'avez-vous vécu ?
La vague lève dans la rivière Qiantang à Hangzhou. La première partie, où on se lançait, est marquée par pas mal de clapot et c'est un peu onshore. Ce qui est normal, vu toute la masse d'eau que ça déplace... Puis la seconde partie, elle tube carrément ! C'était assez tactique car il faut parvenir à avoir la priorité quand ces sections creuses tombaient. La finale a duré plus d'une heure et demi, ça commençait avec un bon 2m50 au take-off, puis ça descendait à 1m/1m20 assez creux. Le déferlement de la vague dépendait du sable qu'il y avait en dessous de nous, parfois ça partait en droite, parfois en gauche, et des fois ça fermait pendant 5mn avant de se reformer.
"Je pense que c'est le genre d'expérience qu'on ne peut vivre que là."
Le choix de vagues devait être difficile à appréhender...
C'était très stratégique au niveau de la lecture. En soi, celui qui parvenait à tomber sur la bonne section et gérait son surf gagnait. Il fallait donc bien garder en tête ce système de priorité et également adapter notre ordre de départ en fonction de la vague. Dans la partie initiale, assez solide et avec du clapot, on privilégiait Romain par exemple.
Quel type de planche utilisiez-vous justement ?
Romain avait sa planche normale, une RT Surfboard en 5'9. Moi j'avais une board en epoxy que j'utilise habituellement pour les petites vagues. Il faut savoir qu'on surfait dans de l'eau douce, donc ça flottait beaucoup moins et même dans des bonnes sections à 2m, ma planche faisait l'affaire.
Ex-aequo avec l'Afrique du Sud, qui comptait le duo Ducky Staples et Shaun Payne. Ils n'ont pas réussi à nous départager.
Vous en garderez donc un bon souvenir...
Je pense que c'est le genre d'expérience qu'on ne peut vivre que là. C'est une rivière interdite en temps normal. Et là-bas quand c'est interdit, c'est interdit ! Ils ont dû batailler pour avoir les autorisations et nous laisser surfer pendant quatre jours. Même nous à l'eau, c'était strict : au niveau de la sécurité avec les jets, il ne fallait pas s'approcher trop près de la rive... Mais oui, surfer entre les buildings, c'est hallucinant, et dans la vie d'un surfeur, ça n'arrive pas souvent ! Et puis, d'une simple rencontre entre différents pays, tu fondes une bonne bande de potes qui, limite, devient une petite famille. J'en garderai un sacré souvenir !