Bourreau de Kolohe Andino
C'était une stratégie osée qui s'est avérée ô-combien payante. En se confrontant à Kolohe Andino, le leader au classement général du WCT qui, lors de ces trois dernières années, n'a jamais fléchi avant les quarts-de-finale à Teahupo'o, Kauli Vaast s'est embarqué dans une mission ardue. C'était un heat pour souffrir, pour endurer et venir à bout des cavernes tahitiennes, considérées hier à Chopes comme les plus consistantes sur un contest depuis 2014. En l'espace d'une série, le Tahitien s'est mué en maître du temps et des éléments. Quand Kolohe partait à la chasse au back-up sur chaque vague de séries intermédiaires dans l'optique d'avoir un petit matelas du points, le Tahitien patientait placidement au pic, sachant pertinemment que sa fameuse "série fantôme" - imprévisible et deux fois plus grosse que les autres - surgirait face à lui.
"Les vagues sont parfaites, le public est avec moi, c'est trop cool !" Kauli Vaast.
On a d'abord cru que sa qualification viendrait à cinq minutes du terme de ces 16e de finales. Le Tahitien s'élance alors en amont de la portion creuse, monopolisant toute la vitesse nécessaire pour franchir la section et atteindre le channel où ses supporters l'attendait. Il avait besoin d'un 5,49pts. Les juges lui octroieront un 5,17pts. On aurait pu le croire abattu par la décision, épuisé par les 40 minutes de heat, déstabilisé au vu de sa maigre expérience sur le Tour. Ce serait mal connaître le prodige de Vairao.
Ni une ni deux, Kauli file au pic, et on aurait bien aimé savoir ce qui est passé par la tête de Kolohe Andino quand, innocemment assis au line-up et muni de la priorité, il n'a pu qu'assister, désarmé, au démarrage du Tahitien. Kauli rame, réalise un take-off qu'il a déjà effectué des centaines de fois tant il connaît la vague tahitienne sur le bout des doigts, disparaît sous la lèvre, fait parler sa vélocité pour se libérer du foam-ball, et réapparaît au coeur du souffle, le doigt pointé vers le ciel, comme sorti d'un long tunnel existentiel. 7,83pts. Le choix tactique était le bon, la maîtrise technique presque parfaite. L'enfant du pays fait chuter Kolohe Andino de son trône.
Un heat pas comme les autres, face à Jérémy Florès
Son heure viendra, c'est ce même mentor qui l'exprime sur les réseaux sociaux : "Je suis fier de toi Kauli, ce n'est que le début. Bientôt tu remporteras cet événement."