Il a dû passer par tous les sentiments. D'abord celui de potentiellement manquer l'une des houles de la décennie. En effet, avec le Pays de Galles, l'Irlande est devenu l'un des premiers territoires de l'Union européenne à reconfiner sa population. Depuis le 21 octobre dernier, près de cinq millions d'Irlandais ne peuvent plus se déplacer dans un rayon de plus de cinq kilomètres. Les contacts entre foyers sont interdits et les salles de sport sont fermées.
"Quand j'ai vu la houle sur les cartes, je me suis dit : 'C'était sûr que ça arriverait pendant le confinement. C'est tellement typique'", ressasse Conor Maguire à Magicseaweed. "Ça", c'est la tempête Epsilon, un ex-ouragan de catégorie 3 alors doté d'une pression atmosphérique minimale proche de 945hPa, caractérisé par une large zone d'influence et une transition extratropicale explosive sur l'Atlantique Nord. "Ma principale préoccupation était de ne pas offenser qui que ce soit, de ne pas faire pression sur le système hospitalier ou quoi que ce soit d'autre", ajoute le chargeur irlandais au média britannique.
Au vu des prévisions, seul un endroit pouvait tenir la taille de la houle et se révéler prometteur : Mullaghmore, dans le comté de Sligo. Un spot à la résonance particulière pour Conor, lui qui a appris à surfer à Bundoran Bay, à 15 kilomètres du célèbre reef, et qui a passé sa jeunesse à rêver de s'engager un jour sur une vague d'anthologie.
''J'attendais ce jour depuis que je suis gamin'', a déclaré l'Irlandais de 26 ans à Magicseaweed. Alors pour ne rien manquer de ce swell historique, Conor a fait en sorte d'obtenir les autorisations nécessaires, tout respectant scrupuleusement le protocole COVID. La face cachée de l'exploit.
Car quelques heures après avoir quitté le port avec son équipage et sa sécurité (quatre jet-skis), Maguire a sans doute pris la plus grosse vague jamais surfée en Irlande. "Je n'avais jamais vu Mullaghmore comme ça, j'en avais seulement rêvé. Même Dylan Stott et Barry Mottershead, qui surfent ici depuis 15 ans, n'avaient jamais rien vu de semblable. Ces gars ont été les premiers à m'emmener ici et à me montrer comment le spot marchait. Personne n'était mieux placé pour me tracter et m'aider à prendre la vague de ma vie. En temps normal, une vague de 30 pieds semble effrayante, là ce n'était que les intermédiaires et on ne les regardait même pas", raconte Conor.
Une journée inoubliable.
Réalisation : Oliver Hegarty | Islander