Au milieu de l’océan Pacifique, les États-Unis viennent de créer une immense zone naturelle protégée autour de trois îles en interdisant toute activité - y compris le forage et la pêche, pour préserver un trésor de biodiversité.
Wake Island, Johnston Atoll, Jarvis Island... Ces îles sont des miettes de terres coralliennes à fleur d'eau, dans le Pacifique Sud entre l'Australie et Hawaï. Elles sont désormais le cœur de la plus grande réserve marine du monde, qui vient d'être officiellement créée par les États-Unis, dans une proclamation signée du président Barack Obama.
Cet ambitieux projet écologique avait été annoncé les 16 et 17 juin lors d'un sommet international sur la protection des océans à Washington. Dans un message vidéo diffusé aux participants, Barack Obama s'était engagé à protéger les trésors de l'écosystème marin : « Ayant grandi à Hawaï, j'ai appris à apprécier la beauté et la puissance de l'Océan. Tout comme les présidents Bush et Clinton avant moi, je vais user de mon autorité présidentielle pour protéger certains de nos plus précieux paysages marins, de la même manière que nous le faisons pour les montagnes, les forêts et les rivières. »
L'impact concret pourrait toutefois être modeste, puisque la pêche est limitée dans les eaux ciblées par M. Obama et que rien n'indique qu'on s'apprête bientôt à y forer à la recherche d'hydrocarbures. Par ailleurs la mesure ne fait qu'étendre un sanctuaire naturel déjà existant, appelé Pacific Remote Islands Marine National Monument (PRIMNM).
« C'est une étape importante pour la protection des océans aux Etats-Unis », s’est tout de même réjoui Jean-Paul Michel, directeur du Global Ocean Legacy France, le programme de l'ONG Pew chargé des aires marines. Cette décision de Barack Obama permet en effet de doubler les territoires océaniques américains hautement protégés, qui passent de 6 % à 15 %. Cette réserve abrite en outre de nombreuses espèces endémiques et uniques, telles que des coraux, baleines, tortues de mer, thons, raies manta, requins et des millions d'oiseaux marins.
Au total, seulement 3 % des eaux sont protégées à l'échelle mondiale, contre un objectif de 10 % pris par la Convention sur la diversité biologique signée à Nagoya en 2010 et réitéré à Ajaccio en 2013. Or quelque 40 % des océans du globe sont « durablement touchés » par les activités humaines, en particulier la surpêche, la pollution et l'acidification des océans.
©Jean Kenyon/NOAA/Associated Press