Le contenu de leur carte SD contribue à écrire la légende du Quiksilver Pro France. Leurs milliers de déclenchements permettent de conter son histoire en images. Mais surtout, chaque année, les caméramans et les photographes présents sur l'étape landaise du CT sont les témoins privilégiés de son déroulement. Qu'ils travaillent pour des instances, des marques, des médias ou de manière indépendante, qu'ils soient Français, Américains au Australiens, qu'ils viennent depuis le tout début où depuis quelques années seulement, chacun d'entre eux gardent un mémoire un ou plusieurs souvenirs précis de leur passage à Hossegor. Ils racontent.
Damien Poullenot : les souvenirs en aquatiques
Damien Poullenot : "Mes meilleurs souvenirs sur le Quik Pro, c'est lors de sessions aquatiques. L'avantage photographe en aqua sur les événements du Tour, c'est d'être sûr de se retrouver seul à shooter. Et on vit des instants privilégiés. Si je devais en choisir un, ce serait peut-être ce matin-là, je ne sais plus quelle année, en 2016 ou 2017. Il faisait froid, c'était aux Culs Nus. Depuis la plage, on ne voyait pratiquement pas les vagues, le soleil se levait tout juste, il y avait une espèce de brume sur le plan d'eau et l'ambiance était fantomatique. Moi, j'étais tout seul à l'eau avec les surfeurs, la mer fumait et les barrels étaient parfaits... Il y avait Mick Fanning, Julian Wilson... Mais sinon, toutes les grosses sessions en aquatique, notamment aux Culs Nus. La première année où John John gagne (en 2014), il y a eu une journée solide aux Culs Nus. Et lui, le regarder depuis le bord, c'est déjà impressionnant. Mais alors à l'eau... Gabriel Medina aussi. Ce qui me marque chez lui, c'est la vitesse qu'il arrive à générer. Quand tu es photographe aquatique, tu dois toujours anticiper ton placement, en fonction de la trajectoire du surfeur. Avec lui c'est difficile tellement il va vite."
Peter Boskovic a.k.a Bosko : La relation de la France au surf
Bosko : "Quand je me rends en France, que j'arrive sur Hossegor, que je ressens cette ambiance particulière, que je vois des posters et des banners du Quik Pro, ça m'excite. Là, je me rends compte à quel point ce pays possède une relation particulière au surf. Si je ne devais garder qu'un seul souvenir, ce serait l'image de cette foule incroyablement passionnée sur la plage, qui regarde, encourage, applaudit les surfeurs. Des milliers de gens... Moi qui viens d'Australie, je n'avais jamais vu ça avant de venir ici. Respect aux Français."
Laurent Masurel : une session en aquatique en 2004
Laurent Masurel.
©Camille Le Saux
Laurent Masurel : "Pour le coup c'était en vidéo, lorsque j'étais caméraman aquatique pour l'événement. L'édition que je garde en tête, c'est en 2004. Un long swell avait duré quelques jours, mais il y a eu une journée où c'était vraiment incroyable, avec un temps magnifique et des vagues de 4m à 5m, voire plus. À l'eau, il y avait les frères Irons, Parko, Kelly... Ça a été une journée éprouvante, mais passionnante. J'étais sans assistance à l'eau, pas de jet-ski, rien. Alors je savais que si j'avais un problème, personne ne m'aurait vu ! C'était extrême, mais avoir été le seul caméraman à l'eau et avec ce cadre-là, c'était un moment magique."
Ryan Miller : quand Dane Reynolds était encore sur le Tour
Ryan Miller : "C'était une édition, je ne me rappelle plus exactement quand, peut-être en 2010, où la Gravière était massive, et Dane Reynolds était encore sur le Tour. C'était vraiment gros, Dane était là, c'était dingue. Les vagues étaient vraiment bonnes cette année-là et les gars fracassaient. Mais globalement j'aime beaucoup le Quik Pro France. J'aime le temps, j'aime la nourriture et j'aime le vin."
Stéphane Gélisse : shooter Kelly Slater, 24 ans après
Stéphane Gelisse.
©Camille Le Saux
Stéphane Gelisse : "J'avais déjà shooté Kelly en argentique à l'époque, quand il gagnait à Lacanau en 1992. Et là, en 2016, je viens sur le Quik Pro mais je loupe sa première série le temps d'arriver de Bordeaux, et j'arrive pour les repêchages. Juste avant le début de sa série, j'ai pris une photo en noir et blanc qui servira pour sa fin de carrière : il est de dos et rejoint le pic. Cette photo, je l'ai sur mon téléphone en permanence. Le plus marquant, c'est le fait de pouvoir le reprendre en photo plus de 20 ans après, en numérique cette fois. Kelly est toujours là, c'est ça qu'il faut retenir. Et le revoir après toutes ces années sur les plages françaises et refaire une photo de lui... C'est quasi mystique. Chaque année quand tu viens ici, tu espères qu'il soit à Hossegor. En 2017 il s'est cassé le pied, en 2018 il n'était pas là, et en 2019, on l'attend... (Au moment de l'interview, la série de Kelly n'est pas passée). Tant que je ne le voit pas dans l'eau, il est pas là pour moi (rires) !"
Ludovic Lasserre : la mémorable édition 2012
Ludovic Lasserre.
©Camille Le Saux
Ludovic Lasserre : "2012, de loin. Toute l'édition s'est déroulée à la Gravière. Ici (au moment de l'interview, les séries ont lieu aux spot des Culs Nus, au nord de la Gravière), c'est loin du bord. Alors que là-bas, la proximité est telle avec les surfeurs qu'on a l'impression d'être dans une arène. Et ce qui m'a le plus marqué, c'est la régularité des bonnes vagues. De mémoire, il n'y a eu aucun jour où les conditions étaient mauvaises. Et puis c'était violent, avec des sacrés tubes. C'est aussi cette année là où Jérémy (Florès) a passé deux vagues sous l'eau...
"Esthétiquement parlant, la Gravière c'est autre chose."
De cette édition, la plupart gens gardent notamment en tête le moment où la nuit a commencé à tomber, et que tout le monde a sorti la lampe torche de son téléphone pour éclairer le plan d'eau. Ça devait être aux quarts de finale, il y avait Dane, Parko aussi était à l'eau et il a même scoré un 10. Vu de derrière, on voyait tout ces téléphones brandis en l'air, avec les surfeurs qui collaient des tubes juste devant... Et puis pour les photographes et les caméramans, esthétiquement parlant, la Gravière c'est autre chose. N'importe qui aurait signé pour ça. Et moi j'en garde vraiment un très bon souvenir."
Chris Meritt : le sacre de John John Florence en 2014
Chris Meritt.
©Camille Le Saux
Chris Meritt : "Je pense que c'est en 2014 lorsque John John remporte l'édition. Ça se déroulait au nord d'Hossegor (aux spots des Gardians, n.d.l.r) et les barrels étaient vraiment beaux cette année-là. Et je me souviens aussi de cette foule devant la scène, lors de la cérémonie finale, c'était dingue ! Et en 2014, John John était déjà impressionnant. Hossegor est l'une de mes étapes préférées du Tour : les plages sont magnifiques, la nourriture est bonne, la ville est cool, et il y a de bonnes soirées."