Interview - Victor Daviet : "Le surf a une vraie influence dans le snowboard"

De la montagne à l'océan, il n'y a qu'un pas.

- @oceansurfreport -
"Je ne suis pas le meilleur surfeur mais je suis ultra-fan", avait-il répondu à notre texto de demande d'interview. Il faut dire que Victor Daviet possède certains pré-requis une fois debout sur une planche. Le snowboardeur professionnel au style immuable, dont certaines de ses 'parts' vidéos figurent aujourd'hui parmi les plus grandes productions françaises et outre-atlantiques, sait également se débrouiller une fois à l'eau. Le Gapençais, qui va entamer une nouvelle saison hivernale dans ses belles et vieilles Alpes françaises comme aux quatre coins du monde, essaye toujours d'accorder une place au surf au sein de ses trips. Une discipline qui, selon lui, possède autant de similarités que de dissemblances avec son cousin des montagnes. 

Surf Report : Tu es récemment parti en surf-trip au Nicaragua avec Mathieu Crepel et Damien Castera : t'as scoré ? 

Victor Daviet : Oui Damien et Mat' m'ont bien coaché. Après tout est relatif, mais oui, j'ai scoré à mon niveau (rires) !

Quand tu repenses à tes débuts en surf, cela t'évoques quoi ?

Je devais avoir 15 ans et avec ma marraine, j'ai fait mes premiers pas sur une planche à la Côte des Basques. Mais la fois où j'ai vraiment accroché, c'était il y a une dizaine d'années lors d'un stage chez Rip Curl à Hossegor. Pendant deux mois, j'y suis allé tous les jours, peu importe les conditions. Même quand c'était pourri je me disais : 'T'inquiètes, une fois que ce sera bien, t'auras un meilleur niveau'.

Victor.
Avant de commencer à pratiquer, quelle image avais-tu du surf ?

Je n'ai jamais été trop attiré par l'actualité liée au surf, ni par les films. Je me souviens qu'à l'époque j'étais allé voir une compétition à Hossegor, et ça m'avait pas mal marqué. Et puis, pour un montagnard et un snowboardeur pro, l'image pure du surf, le jeu avec les éléments, ça m'a toujours fait rêver. Après, ça reste aussi un sport ingrat où il faut vraiment appréhender un terrain qui est nouveau. C'est comme si en snowboard, notre kicker ou notre descente bougeaient tout le temps.

"En surf, à certains endroits, c'est dur de se faire sa place et on est loin de la notion de partage que l'on peut connaître en snowboard."

Tu es toujours en école de commerce à Grenoble en parallèle de ta carrière pro, tu parviens à te dégager du temps pour surfer ?

Exactement, comme Edouard Delpero qui suivait le même cursus. Je l'avais d'ailleurs rencontré il y a quelques années. L'an passé, j'ai dû surfer qu'une semaine dans l'année, c'est trop peu ! Sinon j'ai été sur quelques spots en Méditerranée, dans les environs de Nice notamment, et aussi lors d'un périple en Corse. C'était au cours d'un des épisodes de ma web-série Trip Roulette, on avait traversé la Méd' en violier avec Jérôme Tanon et Thomas Delfino. Et on avait surfé pendant une tempête en plein hiver.

Tu as quoi dans ton quiver ?

Je surfe principalement en shortboard, parce que ça me rappelle les sensations du snowboard. Après j'essaye de toucher à tout, notamment le longboard de ma marraine quand je suis à Biarritz. En snowboard, on a également des planches différentes qui s'adaptent aux terrains qu'on approche : freeride, freestyle... Mais en surf, le changement est vraiment radical d'une planche à une autre.

Envoie-t-il autant de sprays en surf ?


À travers tes différentes expéditions tu as été amené à surfer dans différentes régions du monde...

Notre focus pendant les expéditions, c'est le snowboard. Mais quand j'ai l'occasion d'y amener un côté surf, je saute dessus. Et d'ailleurs, j'espère qu'il y aura un épisode Trip Roulette avec un guest surfeur. En fait, à certains endroits, le timing se révèle parfait, comme en Israël par exemple. Quand la neige arrive par tempête, il y a de la houle et donc des vagues. Puis une fois que la tempête est passée, la neige est bonne.

Dans une interview pour Onboard Magazine, tu disais que le milieu du snowboard était assez fermé. Le surf, c'est aussi un moyen de s'ouvrir vers autre chose ?

Mathieu (Crepel) a montré le chemin à notre bandes de snowboardeurs. C'est un très bon surfeur, un excellent snowboardeur, et il nous donnait envie. Depuis, on essaye d'aller en vacances chez lui dans le Sud-Ouest pour aller surfer. Ça nous ouvre l'esprit, on rencontre et découvre un autre milieu. Et puis, on progresse aussi. Le snowboard, ça fait longtemps que j'en fait. Et la marge de progression est difficile à pousser à partir d'un certain niveau. En surf, reprendre à zéro, réapprendre des bases, et évoluer, c'est intéressant.

L'une des influences du surf : le layback sous le coping.
Thomas Delfino, Victor de le Rue, Sylvain Bourbousson : ça fait une bonne bande de snowboarders/surfeurs. Finalement, c'est votre cousin le plus proche ?

C'est parti de l'idée de changer un peu de pratique. Et on s'est dit que ce serait une bonne chose d'enlever nos boots, enfiler un boardshort et se mettre les doigts de pieds en éventail (rires). Après, je suis désolé mais il faut vous l'avouer, le surf est quand même bien plus simple que le snowboard. Physiquement, c'est moins traumatisant. En termes de matériel également, c'est relativement plus facile. Dès qu'on prend du temps pour nous l'été, on lâche le snow pour faire du surf. On est fan, et on est tous sur Fantasy League !

La pratique du surf apporte-t-elle quelque chose au snowboard ?

Oui il y a une influence assez importante. Au niveau des carves, où c'est assez prononcé par exemple.

"La notion de localisme existe aussi en snowboard, il ne faut pas se cacher."

Et distingues-tu une différence d'esprit entre les surfeurs et les snowboardeurs ?

La plupart du temps, on essaye de se retrouver à l'eau entre snowboardeurs. Selon les spots, l'ambiance à l'eau est particulière. Des fois, j'essaye de dire bonjour, mais on me répond pas toujours. Le surf et le snowboard, ce sont des sports individuels. Mais il y a un aspect plus personnel en surf, c'est constamment la quête de la meilleure vague. À certains endroits, c'est même dur de se faire sa place et on est loin de la notion de partage que l'on peut connaître en snowboard.

Tu as connu de mauvaises expériences ?

Non pas de mauvaises. Mais il y a certaines sessions où les gens sont moins cools à l'eau, alors que ce sport est cool ! Quand on se retrouve entre snowboardeurs, on rigole quand on se taxe et on se fait des 'party waves' tout le temps.

La notion de localisme, ça te parle ?

Oui elle existe aussi en snowboard, il ne faut pas se cacher. Réaliser les premières traces, c'est comme prendre la bombe de la série, c'est ce qu'on veut tous. Mais en surf ça a l'air un peu plus prononcé.

Tu as connu des épisodes effrayants en snow, comme en freeride à Haines (Alaska) où tu déclenches une avalanche sur ta toute première ligne. L'océan est-il moins traître que la montagne ?

C'était un moment assez intense, qui fait partie des belles frayeurs de ma carrière. En surf, les risques sont différents. La plupart du temps, tu sais si les conditions conviennent à ton niveau, même si le plan d'eau peu évoluer. Si c'est trop gros pour moi, je sais que je vais bouffer. En snowboard, c'est beaucoup plus vicieux, le cas de l'avalanche par exemple. Ça peut paraître beau à la surface et en dessous, être un vrai carnage. Se faire couler pendant quelques secondes, c'est une expérience particulière. Mais ça reste physiquement moins traumatisant. Je vais prendre le cas de John John Florence comme exemple. Qu'un surfeur se fasse une rupture de ligaments croisées, c'est rare. En snowboard, c'est le quotidien.

Tu as déjà bouffé en surf ?

À mon niveau oui, mais ça n'a jamais été grave. Il faut aussi savoir que je ne suis pas un bon nageur, car je suis montagnard à la base (rires). Mais mon expérience de snowboard me permet d'avoir une philosophie assez positive du surf. Je me dis que ce n'est que de l'eau, que le risque de blessure est assez faible, sauf si tu tombes sur ta planche ou sur tes dérives. Du coup, à part quand je surfe sur du reef, je me dis que ce n'est pas grave d'aller au carton (rires).

En surf, on est loin de la phase du décollage. En snow, c'est une autre histoire.
Alors qu'en snowboard c'est ton quotidien...  

Oui, c'est aller en haut d'une face, construire un kicker, faire un saut, tomber de 10m de haut sur le plat, faire des roulés-boulés à n'en plus finir, et recommencer jusqu'à ce que ça passe. C'est violent !

Y a-t-il un endroit où tu rêves de surfer ?

Je peux pas prétendre surfer des vagues incroyables, mais des destinations comme les Mentawai ou le Pérou, ça donne envie. J'ai parcouru pas mal d'endroits fabuleux en snowboard, et je sais qu'en surf, certains spots peuvent avoir un énorme potentiel. Avec le Nicaragua, j'ai coché une belle destination. Sinon l'Afrique, avec un pays comme le Sénégal. Ou encore la vague de J-Bay.

>> À voir : la web-série Trip Roulette sur Youtube.

Photo à la une : Jérôme Tanon
       
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