OSR Région met à l'honneur chaque mois une région différente, pour mettre en lumière tout son potentiel surf et ses originalités.
Nous poursuivons l'aventure avec la Vendée, une terre de surf souvent sous-estimée – à tort -, qui en surprendra plus d'un par la richesse de ses spots.
De grandes étendues de sable fin, propices à la détente et à la pratique du surf : la beauté des plages de Saint-Gilles-Croix-De-Vie n'est plus à démontrer. Pourtant, chaque année à l'automne, un phénomène vient entacher ce tableau idyllique.
En effet, le dragage du port de plaisance que l'on trouve à Saint-Gilles fait l'objet de nombreuses controverses. D'octobre à avril, les vases portuaires sont draguées, avant l'étape du clapage, c'est-à-dire qu'elle sont rejetées directement sur la plage de Saint-Gilles. 70 000m³ de dépôts sont déversés via une canalisation longue d'un kilomètre. A noter que pendant ces sept mois, les activités nautiques sont restreintes, et parfois interdites.
Bien que ce dragage soit nécessaire au bon fonctionnement des activités portuaires, le rejet pose problème. Effectivement, ces vases portuaires, déposées sur le littoral, sont souvent porteuses de produits polluants : hydrocarbures, résidus de peinture de bateaux, ou encore, pollution amenée par les eaux pluviales. Ces impuretés engendrées par le dragage ont été plusieurs fois signalées par les habitants, notamment parce qu'elles provoquent une eau noire et odorante, qui vient buller à la surface de la mer, formant une nappe polluante et dangereuse.
Pour Jacques Dubois, président du club Surfing Saint-Gilles, membre de Surfrider et Gardien de la côte, c'est devenu un véritable combat. La situation est devenue particulièrement alarmante en 2014, quand « au début de la période de dragage, dans le cadre des cours collèges, nous avons eu deux enfants qui ont été pris de nausées à la fin d’une même séance. » raconte Jacques. Plusieurs autres jeunes surfeurs ont déclaré avoir été malades à la suite de sessions à proximité du rejet de la canalisation.
Après avoir tenté d'alerter les autorités compétentes sur les conséquences de cette pollution sur l'environnement, il a décidé de prendre les choses en main :« Le gestionnaire du port, responsable du dragage, se bornait à communiquer que les rejets n’étaient pas toxiques mais ne pouvait nous en dire plus n’ayant jamais fait d’analyses des boues de rejet. Soucieux de la santé de nos licenciés et de nos profs qui sont à l’eau tous les jours de la semaine, j’ai demandé un budget au club pour faire nos propre analyses. J’ai contacté Surfrider pour qu’ils nous assistent dans cette démarche. »
Avec l'équipe du Surfing Saint-Gilles, il a été le premier à récolter des échantillons d'eau de mer, afin de les faire analyser pour mettre en évidence cette pollution. Les résultats sont sans appel : une forte augmentation du taux d'aluminium présent dans l'eau de mer a été constatée en période de dragage. Les risques liés à l’aluminium sont réels :reconnu comme neurotoxique, il peut aussi être responsable de dérégulations généralisées du système (anémie, risques cardiaques, dégradation des os…).
Aujourd'hui, face à ce constat, Surfrider et les Gardiens de la côte demandent aux collectivités locales une plus grande concertation sur ce projet de clapage, et l'application du principe de précaution. Cette année, exceptionnellement, le rejet n'a pas lieu car la dragueuse intervient sur un autre port. Mais il doit reprendre à Saint-Gilles à l'automne 2016. Le combat continue.
Retrouvez plus d'informations sur le site des Gardiens de la côte et sur le Collectif pour la protection de la Grande Plage de St Gilles Croix de Vie.
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