Lot de consolation ?
Dans un commentaire de Gautier Garanx, vainqueur en 2014 du biggest wave of the year avec une vague à Belharra - « 100% des membres de cette commission scientifique ne prendront jamais une vague comme celle de Justine et ne savent pas de quoi ils parlent. Alors mesurer une vague ». Peio Lizarazu, qui s'inscrit en totale opposition avec tout ça, va même plus loin : « Il ne faut pas voir dans ce genre de concours, quelque chose d'impartial ou de scientifique. C'est politique et c'est tout. Le centre de gravité du surf mondial s'éloigne encore un peu plus de l'Europe et de la France en particulier. En faveur de l'Australie, des USA, du Brésil... C'est comme ça. Le Brésil est un très gros marché donc oui quelque part, c'est un lot de consolation qu'on donne à Justine. Personnellement, les big wave awards soi disant déterminés par un panel de gens capables de mesurer la taille d'une vague, je n'y crois pas. Et c'est d'ailleurs pour ça que j'ai toujours refusé d'y participer en dehors de la première année à Belharra. Objectivement, Maya est tombée or c'est quand même la base du surf. La suite n'a rien de scientifique et je trouve ça triste ».
Une histoire de critères
Car au-delà de savoir qui a surfé la plus grosse, il s'agit avant tout de savoir comment on définit une vague surfée du côté de la WSL. Or c'est sans doute là que la bât blesse. Le chargeur angloy Pierre Rollet, va dans ce sens : « Ça veut dire quoi prendre une vague ? Aller tout droit et prendre une crêpe ? Au final, ce qui me dérange c'est ça : que la vague ne soit pas terminée même si j'apprécie et respecte énormément Maya pour tout ce qu'elle fait. Dans ce cas, pourquoi Sancho (Benjamin Sanchis, ndlr) n'a rien eu en 2015 pour sa vague gigantesque à Nazaré ? Ça montre vraiment les limites de la WSL ». À chaud et avec un brin de chauvinisme, on pourrait presque hurler au scandale car sur le fond la décision de l'instance du surf mondial laisse en effet un peu perplexe - « Concrètement tu ne peux pas surfer la plus grosse vague du monde et ne pas obtenir le Ride of The year en plus du Biggest wave. Il y a quelque chose qui ne marche pas dans cette décision ! Et puis à quel moment une vague est-elle complète ? » insiste l'autre chargeur angloy, Stéphane Iralour pour qui l'affaire n'est pas toute neuve - « Si tu regardes l'histoire de cette épreuve, ça a souvent été dans ce sens quand même ». Et Pierre Rollet de préciser - « Ceux qui décident n'étaient pas sur place ce jour-là. Et encore moins les scientifiques de la Wave Garden de Kelly Slater. On peut s'interroger pour savoir si la performance est encore la clé du succès ? Plus vraiment à mon avis et c'est bien dommage ».
Porte ouverte ?
En outre, se pose aussi la question de la sécurité inéluctablement liée au surf de grosses vagues. Quelque part toute la communauté espère ne pas voir naître une course malsaine aux awards mais surtout au détriment de la sécurité - « Niveau sécurité, cette course à l'awards relève quand même du grand n'importe quoi. Ça met un challenge financier là où il ne devrait pas y en avoir et du coup, certains font n'importe quoi sans penser à la sécurité. C'est tout le problème. D'ailleurs, je fais aussi partie de ceux qui pensent que la catégorie wipe-out ne devrait pas exister » souligne Peio qui rappelle avec humour et ironie que « ce n'est pas la fin du monde. Justine sera à Nazaré l'hiver prochain avec peut-être encore plus d'opportunités en raison de la situation sanitaire et des restrictions internationales COVID ».
Par SV