Surf - Marlon Lipke, l'atypique !

A su faire parler de lui?

- @oceansurfreport -

Entre le 16 et le 17 août, Laurent Brun était l'envoyé très spécial de Océan Surf Report pour le Soöruz Lacanau Pro 2012 !! Focus aujourd'hui sur le parcours du surfeur « atypique » Marlon Lipke !!

 

On ne le connait pas bien, mais Marlon Lipke est une valeur sûre du circuit. Habitué du WQS, le surfeur multiethnique n'est pas un novice. Sociétaire du WCT en 2009, il n'a pu réussir à réintégrer l'élite internationale. Mais 2012 pourrait bien être son année?

 

Un prénom de star de ciné, un nom qui sonne bon l'électroménager, Marlon Lipke n'est pourtant pas un acteur discount. Pas plus qu'un étalon du porno germanique. Non, ce garçon est un surfeur d'origine allemande qui défraye la chronique. Agé de 28 ans, le cousin teuton défonce les crêtes de vagues à coups de man?uvres efficaces. Formé sur les reefs glaciaux de la Mer du Nord, où il a appris à surfer, il? Non, on déconne.

 

En fait, M.L. est un « imposteur » malin et sympa. Il est né à Lisbonne, Portugal, Europe. Ben ouais, sinon, pas facile de se lancer. C'est pas qu'on n'aime pas la Mer du Nord, mais bon? Blondinet, regard azur profond, dégaine cool, le récent vainqueur du Vendée Pro (3 étoiles) est séduisant. Son surf l'est tout autant. Justement, c'est ce qui nous intéresse, parce que de toute façon, ce garçon n'aime pas parler de lui. C'est comme ça, c'est dans les gênes. Ou pas. Rodé aux spots de l'Algarve dès l'enfance, Marlon connait parfaitement les beach break lusitaniens. Ceux de la côte girondine, également. Parce que finalement, il y est presque chez lui. Et ça, en compète, ça peut faire la diff'. « Disons que l'on a de la chance parce que souvent, en été, ce sont des petites vagues ici, fait observer cet allergique aux « lieux trop touristiques » et aux « endroits sur la côte où les prix pratiqués sont très élevés ».

 

Une aubaine donc, ces deux mètres parfaits au relief tubant, qui ont succédé au plat de la huitaine précédente.

 

Mais même handicapé par une tendinite au bras droit dès l'entame du Soöruz Lacanau Pro, le « Lusitallemand », suivi par l'ostéopathe du Tour, n'a pas fait dans le détail. Il a envoyé du lourd pour se retrouver en huitième de finale du « French Pro », le 33e de l'histoire, contest WQS classé 5 étoiles, étape de l'ASP Men's Tour. Amen. Un tournoi doté de 130 000 euros de « prize money », aussi. Forcément, quelque part, ça fait réfléchir. Et lui, il sait faire. Parce que le rider, il est monté en puissance tout au long de la semaine canaulaise. On l'a bien senti, surtout nous-autres, membres du Surf Report. Ne cherchez pas, ça s'appelle le flair ! LOL.

 

Lui, en revanche, il en a un peu bavé quand même, il faut le dire. « Avant de commencer, j'étais tendu, j'avais les nerfs et la pression, concède-t-il. Mais après avoir passé les deux premiers tours, j'ai pu me concentrer au mieux sur mon surf, plus que sur mes résultats. Le fait d'être plus relâché est meilleur, parce que quand tu l'es, c'est important pour la tête? Après, je n'ai plus de pression quant à savoir si je vais me qualifier ou pas. »

 

Ben on a bien vu, oui. Et vas-y que je m'y mette tranquille, que je tape un score de 11,10 points pour arriver dans le tableau final ! Merci à tous, auf wiedersehen, adeus ! Oui, bye bye, parce que pour lui, en réalité? ça s'est arrêté là ! Avant-dernier de sa série en huitième de finale, Lipke laisse Thompson et Freestone filer sans lui. Felipe Toledo, le vainqueur de l'épreuve, également. « J'ai terminé troisième, les conditions étaient difficiles et j'avais toujours mal au bras ; c'était dur pour moi », reconnaissait-il, humblement. La thune dans la poche, celui que l'on surnomme « Hulk » pour son surf puissant dans les grosses vagues, conservait le sourire, dans l'attente probable de pouvoir étoffer son palmarès. Un réel objectif pour lui qui, ne l'oublions pas, a été sacré champion d'Europe Junior en 2004. Et comme l'appétit vient en surfant, pas question de renoncer. « J'aimerais gagner le championnat européen? J'aimerais bien gagner au Portugal et au Pays Basque, aussi, confie-t-il. Pour l'instant j'ai eu de bons résultats, mais je pense que je peux faire mieux. » Nous aussi, on le pense. On le souhaite, même, histoire que le surf européen puisse encore montrer ses lettres de noblesses. Parce que l'hégémonie brésilienne, australienne, américaine? Bref, celle de tous les autres, on en a un peu marre ! Blague à part, si le Lisboète stagnait, et s'il avait déjà atteint ses limites, que se passerait-il pour lui ? « Dans l'univers du surf, il n'y a pas que le surf? on voyage beaucoup. Tout cela permet de vivre plein d'expériences que l'on ne peut pas apprendre dans une université, glisse Marlon le baroudeur. Voyager est devenu pour moi quelque chose de très spécial, et je ne peux plus vivre sans. Mais comme les temps sont difficiles, et si je ne sais pas encore vraiment dans quoi me diriger, je pense qu'il faudrait que je trouve quelque chose qui m'intéresse et qui pourrait me donner plus tard un autre métier? » A condition de rester dans le sérail. « Ce que je souhaite néanmoins, c'est de rester le plus longtemps possible dans le monde du surf, parce que j'y rencontre des gens incroyables, et que j'ai besoin de ça. » Des personnes incroyables et atypiques, comme lui. 

 

 

Marlon Lipke est l'archétype du surfeur hors norme. Bénéficiaire d'une double culture (germano-portugaise), dont les origines paraissent aux antipodes, il dénote dans le paysage mondial. Décryptage.

 

Océan Surf Report : Marlon, comment ton choix de carrière et ton succès sont-ils perçus en Allemagne ?

Marlon Lipke : Je fais cela depuis plus de douze ans, et les gens se sont habitués à entendre parler de moi, en Allemagne. Ils savent qu'il y a un Allemand? du moins, un Allemand-portugais, qui concourt sur le Tour mondial ! Il y a eu un moment spécial pour moi, lorsque j'ai été classé dans le WCT (en 2009), car peu de gens en Europe y arrivent.  

Cela y a eu un impact très fort. Maintenant, il faudrait qu'un autre allemand parvienne à faire ce que j'ai fait?

 

OSR : Et au Portugal, comment es-tu considéré ?

ML : Je me sens portugais parce que je suis né là-bas. Tout ce que j'ai appris, c'est au Portugal, en Algarve. Mes parents possèdent un passeport portugais depuis trente-huit ans? leur culture est double : allemande et portugaise. J'aimerais avoir la double nationalité, mais ce n'est pas possible (il est crédité de la nationalité allemande sur le tour pro, ndlr).

 

OSR : Ta richesse culturelle te permet-elle de conserver des passerelles entre les deux pays ?

ML : Oui. J'aime le sport? le tennis, mais aussi tout ce qui se passe dans le monde, l'actualité de celui-ci. Donc, je vais sur Spiegel, A.P. News? et sur des sites de football, parce que j'aime ça. Et surtout les équipes du Borussia Dortmund et de Sankt Pauli (Hambourg). D'ailleurs, j'ai un ami qui joue dans ce club?

 

Par Laurent BRUN, à Lacanau-Océan.    

 

 

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