Le mois précédent, nous partions pour Sal et ses plages ventées. Pour ce mois de février, peut être afin d'entretenir une certaine
cohérence topographique avec la dernière destination, nous partons aux Caraïbes, y découvrir une île merveilleuse.
Sur les 2,754 millions de kilomètres que couvrent cette région, plusieurs îles, îlots et récifs bourgeonnent sur les étendues d'eau turquoise. Plus de 700 au total. Mais parmi tous ces littoraux prometteurs, une île en particulier a attiré notre attention.
Ce n'est pas la plus grande. Pas la plus peuplée ni la plus touristique. Elle ne se vanterait sûrement pas non plus d'avoir les meilleures vagues (en même temps la concurrence est rude dans le coin). Mais elle saura nous subjuguer, on en est certains. Aujourd'hui, on part en Martinique, y découvrir ses vagues grâce à l'expertise de Pascal Bilon.
Madinina, ou "l'île aux fleurs". C'est le surnom de notre destination du jour, preuve de l'héritage donné par une flore à part. Et ce n'est qu'un aspect de sa beauté parmi tant d'autres.
Avec ses 1128 km carrés de terre, la Martinique est forte de ses 360 000 habitants. Son plus haut point, le Mont Pelée s'élève à plus de 1397 mètres au-dessus du niveau de la mer. Sur cette petite île où le dénivelé est roi, vous ne serez jamais très loin de l'océan. Même à son point culminant, le grand bleu n'est pas à plus de 12 km, sois moins d'une dizaine de minute à vol d'oiseau. C'est l'avantage de vivre sur une île de 26 km à son point le plus large.
En plein milieu des Petites Antilles, au centre d'une ceinture d'îles plus verdoyantes les unes que les autres, découvrons la Martinique et sa proximité souveraine avec la mer.
Il a grandi devant l'un des spots incontournables de l'île et a développé un lien étroit avec l'océan. « Je suis issu d'une famille de pêcheurs à Basse Pointe, dès l'âge de 5 ans j'étais dans l'eau. Je surfe depuis tout petit en Martinique ».
Pascal a toujours eu ce lien avec la mer. Elle est pourtant difficile à apprivoiser, surtout sur une île où elle peut se révéler vraiment dangereuse. Déjà interrogé par SurfSession dans le magazine n°386, il révèle comment la pratique ancestrale du Bwa Flo l'a aiguillé vers le surf. « Quand j'étais petit, dès que la mer était calme j'allais pêcher en Bwa Flo. C'est comme ça que j'ai fait mon premier argent de poche et que j'ai pu m'acheter mes premières boards. »
Capitale : Fort-de-France
Monnaie : l'euro
Langue : Français / Créole
Fuseau Horaire : (UTC - 4) 5h de moins avec Paris.
Durée de vol : 8h50 sans escale depuis Paris vers FDF.
Document obligatoire : Carte d'identité française acceptée pour voyager dans les outre-mer
Petite histoire du surf en Martinique
Si la Martinique est désormais une destination de surf à part entière, la discipline a mis du temps à émerger sur place. « Dans les années 70/80, on a pu essayer le surf avec les premières planches arrivées par bateau. On avait déjà vu le surf, mais qu'à la télé. Et puis ici, on pratiquait le bwa flo. »
Le Bwa Flo, c'est une pratique ancestrale qu'utilisaient les exclaves pour s'enfuir. Au fil du temps c'est devenu un moyen de s'approprier la mer. « Car même si on est sur une île, il faut savoir qu'il y a 10 ans environ, seul un Martiniquais sur 5 savait nager. » En cause, une éducation et des croyances mystico-religieuses inculquées par rapport à la mer, qui les en a un temps éloignés.
La pratique consiste à surfer le tronc d'un arbre spécifique spécialement préparé pour l'occasion, « l'ochroma pyramidale, un arbre qui pousse jusqu'à 40 m. Il est engorgé d'eau, il y a donc tout un cérémonial à faire pour le préparer. Il faut le sécher, l'entailler, trouver le centre de flottaison. On l'utilisera ensuite pour aller dans l'eau ou bien pour aller pêcher. » Grace à cette pratique, puis plus récemment grâce au surf, la Martinique est passée d'un endroit où les océans faisaient peur à l'une des destinations surf les plus prisées des Caraïbes.
Un destin notamment rendu possible grâce à un investissement constant sur le surf dans le pays, qui a débouché sur son développement inévitable. « On a eu le Martinique Surf Pro, un évènement planétaire. On a aussi développé le surf au niveau scolaire, les clubs se sont structurés et depuis 5 ans, date de création du pôle espoir, les résultats commencent à se faire sentir. Les Martiniquais aussi commencent à beaucoup surfer ».
Le niveau s'améliore, depuis que les écoles et les clubs de surf fleurissent sur l'île aux fleurs. Et depuis que l'île est l'hôte de l'un des rares QS des Caraïbes, elle jouit d'une renommée grandissante. Cette renommée se diffuse et appâte de nombreux surfeurs. Les reefbreaks martiniquais qui avaient l'habitude d'être vides, commencent doucement à se remplir.
Où surfer en Martinique
Malgré sa petite taille, la Martinique possède son apanage de vagues intéressantes et variées. « On a essentiellement des vagues de reefs, normal on est dans les Caraïbes. Il y a quand même quelques spots de shorebreak et de beachbreak, et des spots de repli selon les houles. » nous explique le local.
Certaines zones sont riches en vagues et concentrent plusieurs spots sur leurs rivages. C'est le cas de la côte nord-est qui semble avoir récupéré les faveurs de la nature. Mais globalement sur l'île aux fleurs, ça surfe aux quatre point cardinaux.
« La plupart des spots sont situés de la Caravelle, Tartane jusqu'à Grand Rivière. Il y a aussi des spots dans le sud, on peut surfer au Diamant. Sinon quand il y a des houles de nord qui rentrent, on peut surfer côté Caraïbes, mais c'est quand même pour les surfeurs confirmés. »
Au premier plan, la presqu'île de la Caravelle qui héberge Tartane. Un lieu aux panoramas incroyables, des sunsets qui le sont encore plus et une culture du surf omniprésente. La presqu'île est entourée par des eaux et des spots « plus atteignables pour les débutants. Tartane c'est plus convivial, plus familial ». En plus de ça, nombreux sont les bars/écoles de surf dans le quartier. C'est l'endroit rêvé pour surfer sans se prendre la tête et conclure sa session par un petit verre au sunset.
Plus aux nord, Basse Pointe continue de dérouler. Le pointbreak est l'un des fleurons de l'île. Il représente chaque année la Martinique (et les Caraïbes en général) en tant que spot principal lors du Martinique surf pro. Car c'est l'un des spots les plus exposés aux houles. À ce qu'on dit il ne déçoit jamais, même quand les vagues se font rares. En plus d'être un spot de confiance, c'est aussi le homespot de Pascal. « C'est là que j'ai grandi, c'est chez moi ». C'est donc bien évidemment qu'il l'inclut dans la liste de ses spots favoris.
En ce qui concerne les dangers sur les spots, il n'y en a pas en particulier si ce n'est la vague en elle-même. Comme tous reefbreaks qui se respectent, les vagues n'ont pas besoin d'éléments externes pour se révéler dangereuses. Leur vitesse et leur puissance, combinées aux récifs tranchants qui habillent les littoraux et le résultat peut vite s'avérer douloureux.
« À Tartane, il y a aussi des spots qui ne sont pas conseillés aux débutants. Il n'y a pas beaucoup de fond, tu vois le reef, et il y a beaucoup de houle. Si tu te loupes, tu peux râper le fond, ça m'est déjà arrivé aux marigots. Les vagues ici sont vraiment fer à cheval, c'est que de l'engagement. Il faut bien ramer avant de partir. »
Globalement, il n'y a pas à s'inquiéter quand on prépare un trip surf en Martinique. Sur l'île, ça surfe tout au long de l'année. « Ici tu peux surfer toute l'année, l'eau est chaude et il y a des vagues même pendant l'été. C'est un peu moins régulier et c'est moins agressif... les débutants en profitent pour aller surfer et sortir les malibus. »
Tout dépend du style de surf que vous recherchez. Il y a bien une période de prédilection pour les surfeurs aguerris qui recherchent de l'engagement. « Les meilleures houles, c'est nord/nord-est avec un vent sud-est, comme ça les plans d'eau sont protégés et plus cleans." Ces meilleures houles en question, elles ont tendance à apparaître d'octobre à novembre. « À cette période, t'es sûr d'avoir de bonnes vagues et de bonnes conditions. Il y a des fonds froids qui viennent de l'Amérique et avec le mélange des températures ça fait de bonnes dépressions et de bonnes houles. Une année ça nous est arrivé d'avoir tout le mois de novembre avec 2m/2m50 glassy sur nos spots. »
Comme précisé en amont, le surf continue de se développer en Martinique. Les spots sont encore loin de la saturation et il n'y a donc pas de localisme particulier. Le ratio diversité des spots/ nombre de pratiquants de l'île ferait pâlir d'envie chaque surfeur de la Côte des basques. Ici, pas besoin de se frayer un chemin en évitant les noses des débutants lancés à pleine vitesse pour arriver pic. Il suffit de venir avec du respect, comme partout d'ailleurs.
« La chose la plus importante, c'est le respect des locaux et des lieux. Si t'as le respect, tu vas pouvoir vraiment profiter du pays, tant au niveau du surf qu'au niveau du reste. C'est comme partout dans le monde, il faut s'adapter aux façons de faire et pas venir en conquérant. C'est aussi ça, l'esprit du surf ».
La vie vaut son pesant d'or dans ce petit coin de paradis. En tant que DOM, cette île française est soumise aux prix des importations, souvent faramineux. Les quelques produits frais venus d'ailleurs atteignent des prix déraisonnables et chaque passage au supermarché devient vite douloureux. En contraste, des marchés proposent des produits frais à des prix plus raisonnables (Si votre capacité à négocier vous le permet).
Voici quelques exemples de tarifs que vous pourrez rencontrer durant votre trip :
- Le litre d'essence est à 1€60
- Un déjeuner au restaurant est à 12€.
Pour les déplacements en Martinique, on vous conseille (fortement) la location d'une voiture. C'est la clé d'une exploration complète car même si l'île est plutôt petite à première vue, à pied c'est bien sûr une autre histoire. Les transports en commun sont plutôt instables et ne communiquent pas, ou très difficilement, entre les différentes régions de l'île. Croyez-en notre expérience, la Martinique sans voiture c'est faisable, mais très compliqué.
Que faire les jours de flat ?