« Le format du Pipe Masters est illégal »
A quelques heures de la finale du Billabong Pipe Masters et du sacre du futur champion du monde 2014, l’ASP – qui deviendra bientôt la World Surf League – a dû faire face à des poursuites judiciaires de la part des Da Hui, plus connus sous le nom de Blacks Shorts : le clan de surfeurs du North Shore d’Oahu à Hawaii officiellement créé en 1976 dans le but de « défendre les droits » des surfeurs hawaiiens et des locaux non-hawaiiens.
Selon certaines sources locales, un juge hawaiien aurait donné raison aux Da Hui qui accusaient l’ASP d’avoir mis en place un format de compétition illégal à Hawaii avec le Billabong Pipe Masters in memory of Andy Irons.
La législation locale stipule clairement que les séries où seuls deux surfeurs s’affrontent sont inégales, et qu’il devrait y avoir au moins 4 personnes à l’eau sur une série. La logique qui se cache derrière cette règle est simple à comprendre : avec deux surfeurs à l’eau à chaque série, la compétition prend plus de temps et les surfeurs laissent passer trop de vagues. Etant donné que l’agenda des compétitions sur le North Shore est bien rempli, un effort a déjà été consenti pour minimiser la durée de chaque contest pour que les free surfeurs aient l’opportunité de prendre des vagues en cette saison hivernale.
Malgré la violation de cette règle, l’ASP a décidé de continuer la compétition sous le même format. En réponse à cela le responsable communication de la future World Surf League, Dave Prodan, s’est exprimé sur le sujet : « Hawaii fait évidemment partie intégrante de la communauté surf, mais l’ASP est responsable des championnats du monde et du format universel des compétitions, qu’elles se déroulent en Australie ou au Brésil, aux Fidji ou en Europe… »
Commentant les bénéfices économiques qu’apportent le Pipe Masters à la communauté locale, Prodan déclare : « Les précédents events ont apporté 20 millions de dollars chaque année à l’économie locale. »
Le surfeur vétéran hawaiien Stacey Moniz s’est vivement opposé à cette déclaration : « Ils n’ont aucun respect pour la loi. Pour le verdict du juge. Aucun respect pour les surfeurs. »
Les Da Hui se concentrent ici sur un point de detail de la legislation, car même si l’ASP met en place des séries où deux surfeurs s’opposent, les Rounds 1 et 4 voient s’affronter 3 surfeurs dans la même série. Cette contestation judiciaire intervient probablement en réaction à la décision de l’ASP de réduire drastiquement le nombre de wildcards accordées aux surfeurs locaux sur le Pipe Masters. Sous l’ancien système, 16 surfeurs locaux pouvaient se voir attribuer des wildcards, alors que cette année 2 wildcards ont été accordées, fallait-il encore finir premier ou deuxième des Trials.
A l’annonce de ce changement, l’Hawaiien Eddie Rothman l’un des fondateurs des Da Hui, a posté un clip sur Vimeo où il déclarait : « Maintenant que vous avez lancé les hostilités, vous ne voulez plus vous battre, et bien allez vous faire foutre ! ». Et même si Eddie Rothman n’a pas officiellement annoncé être derrière cette récente contestation judiciaire à l’encontre de l’ASP, il demeure le porte-parole des Da Hui.
Il faudrait aussi faire mention de la déception de la communauté locale face au rejet de l’ASP de donner une Wildcard à Bruce Irons pour le Pipe Masters, compétition qui porte le nom de son défunt frère. A la question de savoir ce qu’il pensait de son éviction des trials et de la compétition, Bruce a répondu « Mon frère ne serait pas heureux d’apprendre que je n’ai pas le droit de participer à cette compétition. Le Pipe a tellement de valeurs à mes yeux. Cela fait 17 ans que je participe à des compétitions ici. »
Le titre mondial se jouera peut-être ce soir sur le Pipe, mais la tension entre l’organisation officielle et la communauté locale de surfeurs risque de perdurer…