Ray Collins a un parcours atypique car tous les véritables artistes ont un parcours atypique. Par "atypique", il faut entendre jalonné d'embûches, fait de hauts et de bas, qui nécessite du courage, de l'audace et une pointe de lucidité. C'est un accident survenu en 2007 qui forgé le destin du photographe aquatique australien.
Originaire de Thirroul, une ville minière située en Nouvelle-Galles du Sud, Ray était considéré comme une "gueule noire" : ces hommes qui travaillent dans les mines de charbon. "Côté emploi, la région n'offre pas beaucoup d'options", racontait Ray dans le documentaire Fishpeople. "Le secteur minier emploie quasiment tout le monde. [...] On est minier à vie."
Chute de roches, fuites de gaz, explosions... Les risques liés au travail dans les mines, pénible et dangereux, sont nombreux. Et c'est une blessure par écrasement qui aura eu raison de la jambe de l'Australien. "J'ai entendu un crissement insupportable, c'était mon genou."
Incapable de conduire, ni même de marcher, Ray trouve le temps long. Il acquiert alors un appareil photo, qu'il apprend à manipuler sur le bout des doigts. Quelques mois plus tard, son médecin lui conseille de se mettre à la natation. Pour mêler l'exercice physique à sa nouvelle passion, il s'offre un caisson étanche. Un achat onéreux pour un homme qui ne roule pas sur l'or. "Sans doute la meilleure décision de ma vie", avoue Ray dans Fishpeople.
Car au fil des sessions, Ray développe son sens artistique et affirme son style. À force de photographier les sessions de ses amis, avec la ferme intention d'être publié un jour dans un magazine spécialisé, l'Australien attire l'oeil des médias. En 2012, après avoir shooté certains des plus grands noms de ce sport, Ray fait une pause et songe à l'avenir. Il ne photographiera plus les surfeurs, mais des vagues vierges. Un procédé plus compliqué qu'il n'y paraît. "L'image est enregistrée au moment où l'on déclenche l'obturateur. Mais le processus créatif lui, démarre bien plus tôt. Il faut passer des heures à analyser les prévisions météorologiques, les marées et la couverture nuageuse. Anticiper les lumières et les couleurs", raconte-t-il.
Et le résultat n'en est que plus bluffant. Avec "Breathe", un portrait réalisé par son équipementier, plongez dans le quotidien de Ray Collins.
Réalisation : Phil Gallagher et Asher King