"Le fer se rouille, faute de s'en servir, l'eau stagnante perd de sa pureté et se glace par le froid. De même, l'inaction sape la vigueur de l'esprit." Léonard De Vinci.
L'inaction, tant qu'on en parle, semble être la stratégie adoptée par l'humanité pour lutter contre le réchauffement climatique. En effet, le réchauffement climatique est une notion universelle. "Les températures montent, font fondre les glaces et monter les niveaux des océans". C'est grossièrement ce qu'on retient de cette notion.
Pourquoi l'humain n'est-il pas un peu plus curieux, surtout quand la santé de son habitat, la Terre, en dépend ? Pourquoi ne s'intéresse-t-il pas d'avantage aux problèmes que cela poserait et aux échéances qu'il nous reste pour y faire face ?
Ces questions, on se les pose après avoir pris connaissance de deux nouvelles études suédoises parues mardi 14 mars. Publiées par le journal of Climate, elles indiquent que l'océan Arctique se réchauffe bien plus vite que prévu et affirment que les prévisions du GIEC - qui alarmaient déjà de manière vive sur l'état des glaciers - seraient trop optimistes.
"On est sûrs que ce qui se passe dans l'Arctique en vrai ne se passe pas comme dans les modèles. Ça va être encore pire et plus rapide que prévu" a affirmé la climatologue française Céline Heuzé à l'AFP.
L'Arctique est habituée à voir sa surface se réduire durant le printemps et l'été, c'est compris dans le cycle naturel. Malheureusement, on s'est rendu compte ces dernières années que sa banquise fondait plus et plus vite à cause du réchauffement de l'atmosphère pendant ces saisons, ce qui était déjà assez alarmant.Les nouvelles données qu'apportent ces études, ce sont le réchauffement de l'océan Arctique et le passage de courants chauds beaucoup plus proche de la banquise que ce que l'on ne pensait. Cela provoque une fonte de cette dernière même en hiver, saison ou elle est censée se reformer.
Cette fonte a été chiffrée. Depuis les premières observations satellites en 1979, la surface de la banquise arctique a été réduite de 9% en hiver et de 48 % en été, alors que son épaisseur a diminué de 66% en moyenne.
Un manque d'expéditions en Arctique
Ces incohérences entre les prévisions et la réalité, seraient dues à un manque de recherches sur place. "Ce n'est pas évident d'aller dans l'Arctique, donc, quand il y a une expédition, chacun veut récolter beaucoup de données différentes et la priorité n'est pas forcément donnée aux eaux profondes", poursuit la scientifique. Un manque de données renforcées par l'annulation de plusieurs expéditions, à cause notamment récemment de la guerre en Ukraine.
Le problème, c'est qu'à cause de ce réchauffement précipité et de cette fonte des glaces accélérée, la température augmente de façon exponentielle dans la région, notamment à cause de l'effet "d'amplification arctique". Selon une étude publiée dans la revue Nature Communication le 6 avril 2022, cet effet aurait évolué de façon surprenante au cours du dernier millénaire.
L'amplification arctique, c'est l'explication du réchauffement hétérogène qui se déroule sur Terre. À cause d'une série de mécanismes, les températures augmentent de façon plus rapide dans la zone polaire nord. On parle d'un rythme deux à trois fois plus élevé que la moyenne mondiale. Et donc une fonte encore plus rapide de la banquise, un véritable cercle vicieux polaire.
On vous l'accorde, ça fait beaucoup de données d'un seul coup. Et puis concrètement, même si on sait qu'elle est en train de disparaître et que cela entraînerait des effets néfastes en chaîne, à quoi sert la banquise ? C'est l'occasion de faire une piqûre de rappel.
Selon WWF, les principaux glaciers présents sur Terre sont en Antarctique, en Arctique, au Groenland et en Patagonie (voir carte ci-dessous). Leur utilité la plus connue, c'est d'être l'habitat d'une faune très particulière. Comme les ours polaires en Arctique et les pingouins en Antarctique, devenus malgré eux des symboles dans la lutte de ce réchauffement planétaire.
Mais l'importance de la présence des glaciers ne se limite pas à servir d'habitat à une certaine faune, ils jouent un rôle à part entière dans l'équilibre des écosystèmes.
Pour commencer, les glaciers regroupent près de 70 % de l'eau douce de notre planète. C'est la source principale d'eau douce sur Terre et comme on le sait, l'eau douce est elle-même source de vie.
Ensuite, les banquises jouent les modérateurs de climat, en comptant sur l'effet albédo pour réguler les températures. Elles renvoient 80 % des rayons du soleil directement dans l'espace grâce à la couleur blanche de la banquise, alors que la mer et ses couleurs sombres les absorbent. Un des éléments qui contribue à cette "amplification arctique" vue en amont.
Mais ce qui nous intéresse le plus, nous, surfeurs et watermans, c'est l'impact qu'a cette fonte sur les océans. Car l'Arctique est une sorte de rond-point dans la circulation des courants marins, il guide les flux aqueux chauds et froids. Sa fonte, en plus de faire monter les eaux et affecter toute la faune marine, déréglerait les courants marins et provoquerait une série de changements drastiques. Parmi eux, certains de vos spots favoris pourraient être défigurés à jamais.