En visite à Marseille à l'occasion du Congrès mondial de la nature (UICN), Emmanuel Macron a annoncé la création d'un nouveau sommet environnemental en France "One Ocean Summit", prévu pour la fin de l'année 2021 ou le début de l'année 2022.
Les annonces d'Emmanuel Macron à propos de la protection des océans
Selon les mots du chef de l'État, l'objectif est de réunir "les scientifiques, les acteurs économiques, les acteurs régionaux et les Nations unies". L'idée ? Que ces rencontres aboutissent à "lancer des initiatives en matière de recherche, en matière de
juridiction internationale et pour compléter le droit international qui
nous permettra de protéger cet espace".
Les modalités de ce rendez-vous devraient ressembler à celles des « One
Planet Summit », ces sommets annuels organisés depuis quatre ans autour
de la thématique de la biodiversité.
@moinundmeer
Légitimement interrogé sur l'efficacité de tels sommets, le Président de la République a insisté sur la nécessité selon lui de coopérer internationalement afin de faire des océans un bien public mondial : "oui c'est efficace, car la clé, c'est la coopération européenne et
internationale. Un pays seul n'est pas efficace, l'avancée doit être au
moins européenne et sur certains grands sujets elle doit être mondiale".
Autre engagement, Emmanuel Macron assure vouloir multiplier "par 25 les aires maritimes à très forte protection dans nos eaux méditerranéennes d'ici 2027 [...] Lorsqu'on protège, on arrive à régénérer la biodiversité, en l'espace de six ans". Autrement dit, ces superficies passeraient de 0,2 à 5 % de notre zone économique exclusive. Le Président espère ainsi qu'en 2030, 10 % des aires marines soient sous protection forte.
Préservation de la biodiversité et réchauffement climatique, deux luttes indissociables
Plus récente que la lutte contre le réchauffement climatique, celle pour la préservation de la biodiversité n'est pas pour autant moins urgente que la première et les enjeux qu'elle impliquent sont tout aussi considérables. Le premier rapport notable de la plateforme intergouvernementale
sur la biodiversité et les services écosystémiques a seulement eu lieu en 2019.
Pourtant, le taux d'extinction des espèces animales et végétales s'accélère, en raison de l'activité humaine. Avec jusqu'à un million d'espèces animales
et végétales menacées de disparition, les experts de l'ONU annonçaient en 2019 que la nature «décline plus vite que jamais dans l'Histoire humaine».
Jakob Owens
Il y a quelques jours, l'Union Internationale de Protection de la Nature actualisait sa "liste rouge" : près de 30% des espèces répertoriées sont menacées. Avec 38 543 espèces misent en péril, les spécialistes évoquent une "sixième extinction de masse".
Dans cette liste, on retrouve de nombreux animaux marins, et notamment les requins et les raies (qui appartiennent à la même famille). Selon l'UICN, 37% des 1200 espèces de requins et de raies étudiées sont menacées. En 2014, "seules" 24% de ces espèces étaient en danger. Toutes les espèces répertoriées sont victimes de la surpêche, 31% de la dégradation ou la perte de leur habitat et 10% des conséquences du réchauffement climatique.
Pour Simon Fraser universitaire ayant publié une étude sur laquelle est basée cette réévaluation "bien trop de requins et de raies sont tués et les mesures contre la surpêche sont terriblement inadéquates" avec une exploitation « souvent légale même si elle n'est pas soutenable ». On peut toutefois se réjouir de l'amélioration de la situation de quatre
des sept espèces de thon les plus pêchées, et ce "grâce à la mise en œuvre de quotas régionaux". Une preuve que la pêche durable fonctionne et qu'elle peut avoir des bénéfices à long terme sur l'économie et la biodiversité.
Par ailleurs, à l'occasion de ce congrès mondial, quatre organisation accompagnées de la surfeuse brésilienne Maya Gabeira ont notamment réclamé l'encadrement du chalutage de fond. En raclant les fonds marins, cette pêche autorisée par la loi "a un impact climatique, car tous les sédiments
soulevés libèrent du carbone dans l'eau" explique Nicolas Fournier de
l'ONG Oceana. Selon une étude cela libèrerait des "centaines de millions de tonnes de dioxyde de carbone dans les
océans chaque année, un volume d'émission similaire à l'aviation".
Gilbert BERGERAUD
Cette dégradation des écosystèmes impacte négativement plus de la
moitié de l'humanité en matière de santé et de cadre de vie. Agir sur la préservation de la biodiversité c'est aussi agir sur la climat. La biodiversité régule le climat. Plus la première disparaît, plus il sera difficile de contrôler le second.
En somme, la promesse d'un énième sommet afin de réfléchir aux moyens de mieux préserver les océans qui, espérons-le, sera assorti d'actions et de moyens concrets et qu'il sera le siège d'une mobilisation internationale. Affaire à suivre.
Article par Flora Etienne
> Lire ou relire : L'État français s'investit dans le ramassage des mégots de cigarette, première source de pollution des océans
>> Consulter le site de l'UICN France