Environnement - L'Etat s'investit dans le ramassage des mégots de cigarettes

Un petit pas de plus contre la première source de pollution des océans

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@matmacq

Si la cigarette est un fléau pour la santé, elle l'est tout autant pour l'environnement. Parmi les plus de 4000 substances chimiques qui la composent, nombre d'entre elles comme le mercure, le plomb, l'arsenic ou encore le plastique polluent à la fois l'air, les sols et l'eau.

Une nouvelle mesure prise en France

Bonne nouvelle. Dorénavant, les collectivités recevront 80 millions d'euros par an dans le but de ramasser les mégots de cigarettes. Avec cette décision annoncée le 10 août, l'objectif du ministère de l'Environnement est de réduire la quantité de mégots jetés en France de 40% d'ici 6 ans.

Cette mesure est prise dans le cadre de la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire de février 2020. Dans cette loi, il est fait mention du fait que le fabricant d'un produit est responsable du devenir de ce dernier une fois consommé. C'est ce que la loi appelle la "responsabilité élargie des producteurs" et que le commun des mortels désigne par l'expression "pollueur-payeur". Autrement dit, le fabricant de cigarette doit garantir le recyclage de son mégot. Les opérations de ramassage ne seront donc plus financées par les collectivités comme c'était le cas jusqu'à présent mais par les producteurs de tabac eux-mêmes.


Ce seront donc vingt-cinq entreprises du secteur du tabac qui fourniront cette contribution financière à un nouvel éco-organisme nommé Alcome, qui sera ensuite reversée aux collectivités pour qu'elles puissent financer des campagnes de collecte, de sensibilisation ou d'affichage, mais aussi des opérations de distribution de cendriers de poche sur les plages ou dans les rues.

Le mégot, principale source de pollution des océans

Un seul et unique mégot de cigarette peut polluer jusqu'à 500 litres d'eau. De même, un mégot dans un litre d'eau peut tuer la moitié des petits poissons présents en 96 heures seulement. Or, selon une enquête publiée par NBC News le 27 août 2018, la cigarette est la principale source de pollution des océans avant même les sacs en plastiques et les pailles à usage unique. 

De plus, un mégot met en moyenne douze ans à totalement se dégrader. Les filtres quant à eux mettent entre un et deux ans à disparaître mais l'acétate de cellulose qui est un de ses composants se dégrade en une dizaine d'années. Si les mégots sont toxiques pour les ressources en eau, ils le sont également pour les écosystèmes marins. Ces déchets peuvent notamment être ingérés par les poissons qui se retrouvent alors intoxiqués ou bien leur donnent une fausse impression de satiété.


Dans une cigarette, ce sont les filtres qui posent le plus problème.

Cependant, il n'existe pas de réglementation internationale à leur élimination. De ce fait, ces derniers se retrouvent dans les mers ou les océans et polluent nos ressources en eau. Sur les 137 milliards de mégots jetés au sol dans le monde chaque jour, 40 % se retrouvent dans les océans. Rien qu'en France, 30 à 40 milliards de mégots sont jetés par terre chaque année selon le Centre d'Information sur l'Eau (23 milliards selon le ministère de l'Environnement). Cette mesure prise par l'État est donc une bonne nouvelle mais c'est aussi et surtout la composition de ces filtres qui est à l'origine même du problème. Pourtant, le changement de leur composition ne fait pas partie du cahier des charges. 

Aussi, si la décision prise à notre échelle nationale est un progrès non négligeable, c'est à l'échelle mondiale qu'il faudrait que des actions soient mises en place. Aux États-Unis, des scientifiques et des activistes ont créé une société à but-non lucratif, Cigarette Butt Pollution Projet, dans le but faire interdire l'utilisation de filtres à cigarettes partout sur la planète. Malheureusement, les puissants lobbies américains bloquent les accords qui permettraient à l'entreprise d'atteindre ses objectifs. Pourtant, un professeur de santé publique de l'Université de San Diego, Thomas Novotny, affirme qu'il "est presque certain que les filtres ne présentent aucun avantage pour la santé, qu'ils ne sont qu'un outil marketing [des fabricants de cigarettes] permettant de fumer plus facilement. C'est en revanche un polluant notoire".


Le tabac n'est pas seulement un enjeu de santé publique, c'est aussi un enjeu environnemental. Si l'on sait que c'est principalement aux multinationales et aux États d'agir pour espérer sauver la planète, il n'en reste pas moins qu'en attendant que des décisions soient prises à l'échelle supérieure (même si c'est long), c'est au consommateur de décider du devenir de sa cigarette.

>> Article par Flora Etienne

>> Lire l'article sur le projet expérimental CURL de Surfrider, qui a pour objectif d'évaluer l'exposition des surfeurs et des nageurs à ces polluants chimiques.

>> Retrouvez plus d'informations sur le Centre d'Information sur l'Eau

>> Pour s'informer davantage sur Alcome

       
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