Environnement - Fuerteventura : les vagues menacées par un projet d'infrastructure important

L'agrandissement du port de Corralejo pourrait signifier la disparition d'au moins deux vagues au nord de l'île.

- @oceansurfreport -

En août dernier, nous parlions déjà d'une vague menacée par les activités humaines. C'était à Madère, plus précisément à São Vicente. Aujourd'hui, une autre vague de l'Atlantique est dans le même cas, cette fois légèrement plus au sud. C'est à Fuerteventura, deuxième île la plus grande des Canaries, qu'un projet immobilier fait polémique dans la municipalité de La Oliva.

En cause, l'extension du quai du port de Corralejo, qui entrainerait la disparition de deux spots de surf bien connus dans la région. Situé au nord de l'île, ce port de plaisance de taille moyenne accueille à ce jour majoritairement des voiliers, et quelques bateaux de plaisance. 

Le port de Corralejo, le quai actuel et celui en projet (en jaune)..

Le projet d'agrandissement en cause

Ce nouveau quai commercial du port de Corralejo, présenté début août, nécessitera un investissement de 33 millions d'euros. D'après le ministre des travaux publics, des transports et du logement du gouvernement des îles Canaries, Sebastián Franquis, l'objectif du projet est de créer une nouvelle digue qui permettra d'étendre les zones d'accostage et de renforcer la sécurité des opérations maritimes effectuées dans les installations.

En effet, le port étant la principale plaque tournante des échanges maritimes avec l'île voisine de Lanzarote, le gouvernement régional a envisagé cet agrandissement "pour des raisons opérationnelles et de sécurité". L'idée étant de séparer la zone d'activité commerciale de la zone de sports et d'excursions au moyen de quais distincts. Pour ce faire, il est donc nécessaire de construire un nouveau quai, imaginé au nord du quai actuel, qui accueillera exclusivement le trafic commercial.

Cette manoeuvre devrait aussi permettre d'augmenter la capacité actuelle de Corralejo : plus de postes d'amarrage, des navires plus grands et de nouveaux pontons pour l'accostage de navires commerciaux pour des excursions touristiques. 


L'anéantissement des vagues de Punta Elena et El Muelle, et de la biodiversité de la côte

Les bénéfices commerciaux semblent avoir été largement étudiés pour ce projet, à l'inverse de l'impact environnemental qu'il ne manquera pas d'avoir. Un sujet d'inquiétude largement souligné par une partie de la population locale, et défendu par des groupes comme Agonane-Ecologistas en Acción (une confédération de plus de 300 groupes environnementaux répartis dans les villes espagnoles), qui dénonce ce "gaspillage économique et environnemental".

Le groupe souligne notamment que le tourisme de croisière, mis en avant dans ce projet, "est la forme de tourisme la plus polluante qui existe, car ces grands navires brûlent des combustibles fossiles de faible qualité. Leurs moteurs émettent d'énormes quantités de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, tant pendant leur voyage qu'une fois amarrés au port, où ils doivent continuer à faire tourner leurs moteurs". 

Punta Elena, dans la baie de Corralejo.

La destruction des vagues de la baie est aussi en cause. Punta Elena et El Muelle sont notamment citées, mais le spot de Lobos, l'une des plus longues droites d'Europe (sur l'île du même nom, située directement face à la baie), pourrait aussi être concerné.

"Le projet du nouveau port de Corralejo menace de détruire l'équilibre déjà fragile de la zone en multipliant le trafic maritime, en ajoutant du bruit, de la pollution chimique et des déchets à une zone déjà surexploitée et surtout en dévalorisant ce que nous avons de plus beau, notre biodiversité." Cet impact irréversible est souligné dans la pétition lancée par Marian Panait Vlase, qui appelle à la mobilisation face à cette absurdité environnementale. "[Le projet] met en péril de multiples zones sportives pour le surf, une activité qui génère des avantages en termes d'emploi pour la communauté locale."

Le surfeur français Joan Duru s'est notamment prononcé à ce sujet sur les réseaux sociaux : "Ne détruisez pas cette vague naturelle s'il vous plaît" a-t-il écrit en partageant une publication à ce sujet en fin de semaine dernière.

Des solutions plus réalistes à étudier 

Dans sa démarche, l'auteur de la pétition souhaite promouvoir l'éco-tourisme, via un développement "responsable de l'environnement, durable à long terme, qui maintient la culture et la tradition des îles Canaries et tous ses attraits". Dans la baie, des baleines, des dauphins, des requins et des tortues co-habitent encore, et pourraient être repoussés dangereusement par la présence de bateaux de croisières plus grands, plus polluants et plus bruyants. 

Le photographe espagnol Manu Miguelez a lui aussi fait résonner son opinion, précisant que selon lui "la vérité ne concerne pas les vagues, mais l'avenir de nos enfants". "Il n'y aura plus rien à montrer aux générations futures" écrit-il sur ses propres réseaux.

> Lire ou relire : Un février trois étoiles à Fuerteventura

        
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