Le surf de Mikey February est une danse : une manière singulière d'imprimer son tempo, un sens du rythme absolu, une façon unique de mouvoir son corps de ses gestes et de ses pas. Et le voir évoluer sur le pointbreak mexicain de Salina Cruz, chef-lieu du dernier trip du surfeur sud-africain, revient à faire un saut dans le temps.
L'an passé, dans un article intitulé "Le surf à l'époque de la caméra omniprésente" et publié dans le New Yorker, l'ancien surfeur professionnel reconverti en journaliste/écrivain Jamie Brisick s'est penché sur l'impact de la présence constante d'équipements audiovisuels sur les spots et de ses conséquences sur le style des surfeurs. En ligne de mire, le clip Nü Rythmo, réalisé par Wade Carroll et produit par Alan Van Gysen, mettant en scène Mikey February en ses terres africaines. Et Jamie Brisick d'ajouter : "Les mouvements de sa main et son allure arquée [...] jouent avec la caméra de manière à briser le charme du surfeur itinérant dans sa solitude. Son style est aussi embarrassé qu'un selfie en mode 'duck-face'." Le journaliste intensifie ensuite son argument en ajoutant que Mikey February n'est pas le seul à se comporter de la sorte devant l'objectif. "Parcourez Instagram et vous le verrez : agitation des bras exagérés, mouvements des doigts trop parfaits..."
On n'a pas demandé à Mikey February si ce jugement porté par Jamie Brisick s'avérait tangible. Mais le voir révéler son style à chaque vague sur laquelle il danse, au travers de dimensions et d'univers alternatifs différents, est un plaisir pour les yeux. Chassez le naturel, il revient au galop.