Interview - Damien Castera, surfeur aventurier

En route pour l'ODISEA

- @oceansurfreport -

Damien Castera, free surfeur touche à tout surfant aussi bien en longboard qu’en quatro, twin, single et alaia, tracera bientôt en Alaska avec le snowboarder Mathieu Crépel. Ils entameront alors une aventure hors du commun : relier le sommet du Ridge of Dream Icefield au Golfe d’Alaska en suivant la piste de l’eau et la fonte des neiges. L’occasion pour nous de poser quelques questions à Damien Castera pour en savoir un peu plus sur la philosophie et la préparation de ce voyage.

Bonjour Damien, quelle est l’appellation que tu préférerais entendre lorsqu’on te présente ? Surfeur aventurier ?

Surfeur aventurier c'est pas mal, même si j'ai tendance à penser que c'est une appellation un peu fourre-tout. Je pense que chez la plupart des surfeurs, l'aventure reste un leitmotiv primordial. La quête de "la vague parfaite" et de la tranquillité.

Qu’est-ce qui est le plus délicat dans tes différentes expéditions ?

Dans une aventure comme la nôtre, le plus dur est très certainement la logistique. Nous allons suivre le cheminement de l'eau, des sommets enneigés à l'océan en passant par les rivières. Bien évidemment, nous n'emporterons pas notre matériel de surf en montagne, ni les rafts d'ailleurs, il faut donc planifier parfaitement l'itinéraire et prévoir où laisser le matériel pour les changements d'environnements. Les aléas météorologiques ont également une importance majeure. La partie montagne pourra durer 5 jours comme 15 si nous restons bloqués dans la tempête. On essaye de prévoir au maximum le déroulé de notre aventure, mais dans une contrée sauvage comme l'Alaska, il faut s'attendre à de l'imprévu.

Comment préparez-vous tous les deux ce voyage ?

Avec Mathieu Crepel, nous travaillons depuis un an sur le projet. Beaucoup de temps à explorer les cartes, à fouiller les tréfonds d'Internet, à se balader sur les forums. On est également en contact avec des mecs sur place qui nous aident à organiser toute la logistique. En fait, presque tous les jours nous échangeons nos infos avec Mathieu, Jérôme Bénadiner (producteur à When We Were Kids) et Alexandre Soulier (producteur à Bonne Pioche). C'est très enrichissant de travailler avec des personnes venant d'horizons différents, avec une vision autre de l'aventure et du voyage.

Allez-vous partir avec une grosse équipe et pas mal de matos, ou est-ce plutôt un trip confidentiel ?

Avec Odisea, nous souhaitons réaliser un film documentaire de 52min faisant la part belle à l'image. C'est un choix de notre part. Nous aurions pu partir en équipe réduite, mais nous avons privilégié du bon matériel de prise de vue (red cam...) et donc l'équipe s'est agrandit. William Touitou sera notre réalisateur/metteur en scène, Simon Favier, ancien snowboardeur professionnel sera notre cadreur "action". Un photographe nous accompagnera également tout au long de  l'aventure. 

As-tu une idée précise de l’itinéraire que vous allez suivre ?

Nous travaillons encore dessus. Plus précisément, nous étudions les différentes possibilités de transition entre la montagne et la rivière. Beaucoup de facteurs rentrent en jeu : par exemple en cette période, il se peut que l'amont de la rivière ne soit pas navigable à cause des glaces. Nous nous renseignons alors pour savoir à quel niveau, il nous sera possible de mettre les rafts à l'eau. Pour la montagne, nous sommes en relation avec un bush pilote qui nous envoie régulièrement des photos et des renseignements topographiques.

Après avoir remporté le concours des enfants d’Ushuaïa pour un documentaire tourné justement en Alaska, te voilà reparti pour la même destination. En quoi ce trip sera différent du précédent ?

Mon premier voyage en Alaska fut une expérience de Robinsonnade. L'immobilité, l'organisation des tâches quotidiennes, l'immersion dans un milieu sauvage en quasi autarcie. Le voyage que j'entreprends avec Mathieu sera mené sous forme d'itinérance, des montagnes à l'océan. Evidemment, il y aura la même symbiose avec la nature, la pêche, l'aventure et la débrouille, mais cette transhumance sur la piste de l'eau nous amènera à découvrir différents environnements. Et puis l'aventure repose sur ce partage entre Mathieu et moi. La transmission d'un savoir, la complicité, l'ouverture à un nouveau monde : la montagne pour moi, l'océan pour Mathieu. C'est un voyage que l'on ne pourrait entreprendre l'un sans l'autre et l'idée de faire un pied de nez à l'univers individualiste de la compétition me plaît...

Le plus dur est-il de partir ou d’en revenir ?

Il n'est jamais désagréable de revenir. Je suis très attaché au pays basque et c'est toujours avec plaisir que je rentre chez moi, retrouver mes proches. Mais c'est vrai qu'à mon dernier voyage, après deux mois dans les forêts d'Alaska, je me sentais bien, sans désir pressant de rentrer. A une époque troublée et agitée comme la nôtre, il fait toujours bon de prendre la clé des champs. On s'aperçoit au retour que malgré toutes les exégèses journalistiques, le monde continue à tourner autour du soleil. Et puis la vie au grand air, même l'espace de quelques semaines, demeure pour moi le remède homéopathique aux maux de l'esprit. 

En attendant de découvrir ce documentaire de 52 minutes produit par When We Were Kids, le teaser de l'aventure ODISEA est déjà sorti
Pour plus d'infos visitez la page Facebook dédiée : https://www.facebook.com/odisea.expedition
Merci à Damien Castera d'avoir répondu à nos questions.

Crédits Photo Laurent Gaden

Mots clés : damien, castera, surfeur, aventurier, odisea, alaska, mathieu, crepel | Ce contenu a été lu 5364 fois.
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