Interview - EXCLUSIF : INTERVIEW D'ANTOINE DELPERO

Un champion du monde plein d'ambitions

- @oceansurfreport -

De retour du Panama, pays dans lequel il s'est rendu au début du mois pour participer aux ISA World Surfing Games 2011 le champion du monde de longboard 2009, actuellement très occupé par sa vie de rider ainsi que par sa vie professionnelle, a accepté de répondre à nos questions la semaine dernière à Anglet, autour d'un perrier menthe. A quelques heures de la projection de Walls of Perception au Festival International du Film de Surf, nous avons pu recueillir ses impressions sur l' ISA Pro à Praya Venao, ses objectifs et ses ambitions en compétition cette année ou encore ses débuts en tant qu'entrepreneur dans l'univers Waterman.

 

Surf Report : Salut Antoine ! Alors, heureux d'être revenu au pays après ton escapade au Panama ?

 Antoine Delpero : Oui, je suis super content d'être rentré, je suis souvent à l'étranger, je n'ai pas l'occasion d'être souvent chez moi donc quand je rentre à la maison j'apprécie vraiment !

 

S.R. : Ca s'est bien passé au Panama ?

A.D. : Bien passé oui, on a vraiment vécu de très bons moments parce qu'on était avec l'équipe de France. On n'a pas l'habitude de voyager en groupe et là c'était le cas. Il y a donc une émulation différente et il y a une énergie terrible dans l'équipe, donc c'est génial. Ça porte tout le monde vers le haut, donc c'était vraiment formidable d'être en équipe là-bas.
Après, au niveau des résultats et de la compétition en elle-même, ça ne s'est pas passé comme on le voulait. Mais bon, on a quand même une championne du monde, Cannelle Bulard, donc c'est quand même génial, elle fait le doublé en plus parce qu'elle était déjà championne du monde junior. Moi je finis sur le podium, c'est pas mal, je suis content d'être arrivé jusque-là mais il y a eu de gros problèmes de jugement pendant cette compétition et donc on n'est pas super content du résultat final. On était parti pour remporter le titre, mais bon c'est comme ça, c'est la compétition !

 

S.R. : Qu'est-ce que tu peux nous dire sur ces problèmes de jugement ?

A.D. : C'est en général...ce n'est pas que pour le longboard, c'est aussi pour la petite planche. Les juges ISA ne respectent pas vraiment les critères professionnels de l'ASP et donc il y a des litiges. Par exemple, des mecs qui ne surfent pas vraiment sur le rail et qui prennent des notes monstrueuses. Les juges ne font pas la différence entre un professionnel et un non-professionnel. Ugo Savali s'est fait sortir du tour principal alors qu'il aurait jamais dû perdre, Jérémy aussi a perdu, Flores pareil, ils auraient jamais dû perdre non plus.
A côté de ça, on n'a pas été aidé par les vagues. Quand ils sont partis en repêche, les surfeurs sont souvent passés à marée haute, ça ne les a pas aidé. Tout cela a fait qu'ils sont sortis tôt de la compétition et que l'on a terminé troisième.

 

S.R. : Tu es arrivé quatrième cette saison à l'ISA World Surfing dans la catégorie Longboard, félicitations ! Que peux-tu nous dire sur cette compétition, sur tes adversaires et le niveau de cette épreuve ? 

A.D. : Le niveau est assez bon. Après, il y a moins de monde qu'en petite planche parce qu'il n' y a que deux longboardeurs sélectionnés par équipe. Le niveau en longboard était par ailleurs très bon, tous les pays avaient pris leurs meilleurs longboardeurs, mais il manquait Hawaii, avec le champion du monde Duane Desoto. Sinon, il y avait toujours les meilleurs : l'américain Taylor Jensen, l'australien Harley Ingleby, des mecs qui sont au top au niveau international.

 

S.R. : Les raisons de l'absence de Desoto à Vanéo ?

A.D. : Il n'y a pas d'équipe hawaiienne à l'ISA : problème d'argent. Cela fait quelques années que l'Isa organise la compétition en Amérique Latine et c'est donc un gros déplacement pour tous les pays. C'est bien pour les pays d'Amérique Latine, parce qu'ils ne sont pas loin et ce sont peut-etre ceux qui ont le moins d'argent, mais Hawaii n'a apparemment pas trouvé d'argent pour venir cette année.

 

S.R. : C'était la première fois que tu allais au Panama ? 

A.D. : Oui. C'est vraiment un pays magnifique même si je n'en ai vu qu'une partie. C'est grand et on a été super bien accueilli. Sur place, Phillipe Demarsan, un ancien surfeur de la Grande Plage qui habite là-bas maintenant, a été notre guide, il nous a trouvé l'endroit pour loger. C'est vraiment un bel endroit, les gens sont sympas.

 

S.R. : Qu'as-tu-pensé des vagues panaméennes ?

A.D. : Formidable ! Apparemment, il y a de superbes vagues, mais pas forcément à l'endroit où on était.

 

S.R. : Tu conseillerais à nos internautes d'aller là-bas ?
A.D. : Oui, d'ailleurs moi j'envisage peut-être de retourner au Panama pour mon propre plaisir, visiter un peu.

 

S.R. : Et que fais-tu depuis que tu es rentré ici ?
A.D. : Plein de choses ! Je passe pas mal de temps avec ma copine, je travaille pas mal sur l'entreprise que j'ai monté il n'y a pas si longtemps. On fabrique des planches de Stand-Up Paddle de la marque BONZ. Les planches sont très belles, elles marchent super bien. Je teste le matos et je fais des vidéos explicatives sur les caractéristiques techniques des planches. J'ai pas mal de taff.

 

S.R. : On te retrouve dans le nouveau film d'Oxbow, en avant-première ce soir, notamment aux côtés de Matt Meola : un mot sur cette production ?

A.D. : J'ai passé un très bon hiver, on a tourné dans un endroit magnifique, c'était vraiment top de tourner avec tous ces mecs. C'est bien car chez Oxbow, il n'y a pas que des surfeurs, il y a des longboardeurs, des windsurfeurs, des kitesurfeurs, des mecs qui font du Stand-Up. Donc on était un peu tous mélangés et je crois que c'est le but principal du film. On s'est tous retrouvé dans un endroit magnifique de la planète (que je ne citerais pas), c'était vraiment un endroit extraordinaire où les vagues sont magiques et on s'est tous bien entendu, on a partagé des vagues, il n'y avait personne d'autre. C'était fantastique.

 

S.R. : Quelle est l'ambiance dans la Team Oxbow ?

A.D. : C'est top car il y a des riders formidables et donc des visions différentes de la pratique des sports de glisse sur l'océan. Chacun à sa vision, ce qui nous permet de voir des gens faire des choses qu'on a pas l'habitude de voir faire. J'ai vu des windsurfeurs sur des vagues de reef complètement à sec faire des man?uvres hallucinantes, c'était vraiment beau à voir. C'est formidable, on partage tous la même passion de l'océan et en même temps on ne pratique pas la même sport.

 

S.R. : Les championnats du monde de longboard débutent prochainement, te sens-tu prêt cette année pour conquérir un nouveau titre, après celui de 2009 ? 

A.D. : Ah oui, moi je suis toujours prêt !

 

S.R. : Comment prépares-tu ce grand rendez-vous ?

A.D. : Je bois du Perrier Menthe !

 

S.R. : Tu n'as pas de préparation physique particulière ?

A.D. : Non, je me suis entrainé pendant longtemps, mais j'ai arrêté parce que je n'ai plus le temps. J'essaye de surfer surtout, c'est ce qui me maintient en forme.

 

S.R. : On t'a surtout vu depuis le début de l'année sur un SUP avec les débuts du SUP World Tour, tu es actuellement troisième derrière Peyo Lizarazu et Kai Lenny, crois-tu avoir tes chances d'arriver premier cette année ?

A.D. : Kai est quand même bien parti cette année, donc ça va être difficile. Il a gagné les deux premières compétitions, il a atteint la finale à la troisième. Il va falloir gagner toutes les prochaines étapes donc c'est un gros challenge à relever.

 

S.R. : Et Kai Lenny, il t'inspire quoi ?
A.D. : C'est un super waterman, il est hallucinant dans tout ce qu'il fait, c'est un petit prodige de la glisse. C'est toujours top de l'avoir dans l'eau, ça motive et c'est beau à voir.

 

S.R. : Tu pratiques deux disciplines : longboard et SUP, as-tu une préférence ? Quelles différences y'a-t-il entre les deux ? 

A.D. : Non je n'ai pas de préférences, en ce moment j'aime bien faire du Stand-Up vu qu'il y a pas mal de monde dans l'eau. J'arrive avec ma pagaie et je vais un peu plus au large, plus à gauche ou un peu plus à droite pour prendre plein de vagues. Mais je n'ai pas de préférences. J'aime bien aussi le shortboard et l'Alaïa. Tant que je suis dans l'eau et que je me régale, c'est parfait.

 

S.R. : Est-ce que tu peux nous expliquer un peu la différence entre le Stand -Up et le Longboard ? 

A.D. : On utilise pour les deux des grandes planches, bien que maintenant on réduise les planches pour le Stand-Up. Ce qui m'a permis de m'adapter facilement au Stand-Up au début, c'est le fait que ce soit de grandes planches et surtout l'aide de la pagaie, avec elle on peut se pencher au-dessus de l'eau, pencher son centre de gravité et s'appuyer sur elle. On fait des courbes plus près de l'eau. On a une aide avec la pagaie qui est assez incroyable, même dans le surf sur la vague, pas forcément que pour ramer ou prendre les vagues.

 

S.R. : Et au niveau des sensations, lequel est le meilleur ?
A.D. : J'aime bien les deux ! Ca dépend des vagues, des conditions. Il y a des vagues où je préfèrerais être en longboard qu'en Stand-Up, et inversement. Ca dépend des jours.

 

S.R. : On continuera à te voir sur les deux championnats, longboard et Stand up ?
A.D. : Oui, si le championnat du monde de longboard continue d'exister.

 

S.R. : Pourquoi ?
A.D. : Cette année, il y a le Sri Lankan Pro et une autre étape est prévue en Italie, mais ce n'est pas sûr.

 

S.R. : Qu'est ce que tu penses du marché Stand-Up, toi qui te lances dans le business du SUP ?
A.D. : Il y a un gros marché, il est pas forcément dans les vagues, il est surtout dans la balade, le fitness ; disons les trucs parallèles, la race aussi. Mais il y a aussi beaucoup de gens qui s'organise autour du Stand up, par exemple la Waterman Ligue Hawaiienne qui organise donc ce championnat du monde, que depuis l'année dernière, mais qui grossit. Ce qu'il y a, c'est que le Stand up s'est vraiment élargi, il est plus c'est accessible à beaucoup de gens, de tout gabarit, de tout horizon. Cela ramène des gens du windsurf, du kitesurf, du surf, du kayac. Tout le monde veut en faire et tout le monde apprécie ça. On verra si ça continue à grossir ou si ça va s'arrêter. Aux USA, ils font même des cours de fitness dans les piscines, où ils accrochent des planches de Stand up à deux tendeurs, les femmes rament dans le vide pour se faire les fessiers. Là-bas c'est un truc de malade, y'a des gens qui font des cours de yoga sur le Stand up ! C'est une idée !

 

S.R. : Quels sont tes projets pour le futur ?
A.D. : Je viens de créer ma marque de Stand-Up, je conceptualise les planches avec mon shapeur et je les essaye. J'ai ces projets-là qui sont donc aux prémices mais qui j'espère vont bien évoluer, puis j'ai envie de me faire plaisir sur l'eau, de continuer la compétition un petit peu, le temps qu'il faudra.

 

S.R. : On te laisse le mot de la fin !
A.D. : Vive OSR, donnez-nous des bonnes prévisions, dites-nous où il faut aller !

 

SR : Merci beaucoup, bonne chance pour la suite et bonne journée !

 

Propos recueillis par Gabie et Nico

Crédits Photos : Oxbow

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