Interview - Peter Harper devient ambassadeur de la Surfrider Foundation Europe

Artiste engagé

- @oceansurfreport -

Plus jeune des trois frères Harper, Peter a d’abord débuté par une carrière de sculpteur et professeur d’arts visuels. Mais il y a quelques années, il décide de consacrer à la musique une part de sa vie plus importante. Un album plus tard, il a réussi à charmer son auditoire avec sa voix chaude, sa folk soul moderne et sa guitare ténor acoustique. Surfeur amateur et soucieux des enjeux environnementaux, il devient officiellement aujourd’hui l’ambassadeur de l’ONG Surfrider Foundation Europe dont le siège est à Biarritz. A l’occasion de son passage en France, nous avons eu l’occasion de lui poser quelques questions :

OSR : Bonjour Peter ! Avant d’aborder ton nouveau rôle d’ambassadeur parlons musique ! Tu attaques en ce début d’année une tournée européenne, comment se passe la vie sur la route ?

Peter Harper : La tournée se passe vraiment bien, la vie sur la route est un plaisir. On découvre des lieux, des villes, des pays... Les personnes que nous rencontrons sont particulièrement chaleureuses et accueillantes. Je joue, je partage ma musique, c’est un rêve qui devient réalité !

OSR : As-tu déjà pour projet de produire un deuxième album ?

Peter Harper : Le deuxième album est déjà fait ! Aujourd’hui on attend juste le pressage et il sera disponible à partir du 7 avril. Je suis vraiment content. Pour l’enregistrement, je me suis rendu à un petit studio que j’adore qui se trouve à Silverlake, tenu par un certain Sheldon Gomberg. Ont participé avec moi quelques musiciens géniaux, dont certains sont des membres du groupe avec lequel je tourne aux Etats-Unis. Beaucoup de ces racines viennent du premier album, et comme quand vous plantez une graine et que vous l’arrosez régulièrement, les racines grandissent et cela est en train de devenir un arbre fleurissant.

OSR : Quelles sont les influences que tu as souhaité faire transparaître dans cet album ?

Peter Harper : Lorsque je m’apprête à créer quelque chose, que ce soit une sculpture ou un album, je ne me focalise pas sur ce qui m’a inspiré ou influencé. J’ai grandi parmi une famille de musiciens, entouré depuis toujours de musique… J’adore la musique. Mais lorsque je rentre en studio, je n’ai pas les pensées axées sur les artistes que j’aime et qui me touchent. J’y vais en pensant à la musique que j’ai écrite et la façon dont j’ai envie qu’elle soit exprimée.

Je peux dire que les racines de tout ce que j’écris et que je joue sont issues de la musique soul et folk. Je parle de ce ton graveleux des voix de la soul des années 60, vous fusionnez cela avec la musique folk, avec ces lignes rythmiques et ce bon vieux fingerpicking à l’ancienne, avec ces structures très « droit au but » : couplet, refrain, couplet, refrain, pont… ou encore couplet, refrain, pont, couplet, refrain. Les influences que nous avons sont tellement une partie intrinsèque de qui on est, qu’on ne peut pas les empêcher de nous construire. Mais si on s’y prend bien, ses propres influences ne sont pas évidentes ! Il faut créer sa musique à soi de la façon dont on aime la faire et l’entendre. L’entourage entendra souvent différentes choses en écoutant, ils peuvent dire « on dirait un peu ci ou ça », mais mon but ultime est d’avoir un son qui m’appartient.

OSR : Y a-t-il des liens particuliers qui t’unissent à la France, et plus particulièrement au pays basque ?

Peter Harper : Les Français fans de musique m’ont littéralement ouvert les bras, m’ont contacté, demandé si je serais intéressé pour venir jouer en France. La connexion a commencé à ce moment-là. La femme de mon frère Joel est française, j’avais des liens avec le pays, mais même avant qu’ils ne se marient j’avais déjà pas mal de personnes qui communiquaient avec moi, pour échanger sur la musique et les arts… Quand on m’a demandé de venir, j’étais tellement touché que certains prennent le temps et qu’ils aient l’envie de faire en sorte de créer quelque chose de concret pour moi en termes de tournée que je me suis juste dit qu’il fallait que j’y aille ! Je ne regrette pas, cette première tournée l’été dernier était incroyable, on s’est tellement amusé, et il y a un tel amour en France pour ma musique que je me suis senti comme à la maison. Les Basques, à qui je dis « milesker ! » sont aussi dans mon coeur. Quand on s’est baladés à Bayonne - je jouais à la Luna Negra - dans toutes ces rues qui semblent vous embrasser, ces ruelles et appartements qui se font face, les gens si chaleureux et gentils, c’était tellement agréable. C’est une région que j’adore, avec des personnes qui me ressemblent humainement. Il faut dire que les Basques sont super accueillants !

OSR : Qu’est ce qui t’a conduit à devenir aujourd’hui ambassadeur de la Surfrider Foundation Europe ?

Peter Harper : C’est pendant la première tournée l’été dernier que la connexion avec Surfrider s’est faite et qu’ils ont donné leur soutien à mon projet. J’avais eu quelques échanges avec eux pour venir jouer en Europe et quand ils ont vu que j’arrivais cet été, ils ont proposé d’être connectés d’une façon ou d’une autre à mes concerts. C’était génial de rencontrer toute l’équipe à Biarritz ! Ça fait presque 20 ans que je surfe. Je ne suis pas pro, mais j’adore l’océan, j’adore la plage, et par-dessus tout j’adore la planète ! Dans une ère où le président des Etats Unis ne croit pas au réchauffement climatique, je pense à chacun d’entre nous qui croit en la survie de la planète et qui a envie d’aider la planète à se soigner afin que les générations futures puissent apprécier ce qu’on leur a laissé, et le fait d’être un ambassadeur de Surfrider me permet de faire un petit pas vers l’avant à mon niveau. C’est un honneur et un plaisir de travailler avec eux et j’ai hâte de voir comment on peut utiliser ce lien pour transmettre le bon message et inspirer les bonnes actions.

OSR : Quel va être ton rôle exact ?

Peter Harper : Nous allons trouver ensemble des idées pour renforcer le message au fur et à mesure du temps. Pendant cette tournée concrètement, j’officialise mon partenariat avec eux début février, je joue à Bayonne les 6, 7 et 8 février, on prévoit donc au moins une journée de nettoyage de plage pendant ces trois jours dans la région avec les membres de Surfrider et mon équipe, et tous ceux qui voudront se joindre à nous. C’est une action concrète, mais au-delà de ça, je pense que mon rôle en tant qu’ambassadeur est également d’être une « voix » pour les gens pour relayer un message pour la cause. Je parle de l’importance de protéger sa planète, ses océans, et c’est un honneur pour moi de faire cela, de ville en ville, de concert en concert, relayer le message de Surfrider Europe pour renforcer leur message : avoir des océans propres cela donne une terre propre. Sur les riders techniques (les annexes aux contrats que les agents des artistes envoient aux organisateurs de concerts - NDLR), on trouve parfois des demandes insensées. Je vous assure je ne suis pas une diva qui demande à ce qu’on lui trie les Smarties verts des autres couleurs... mais nous demandons toujours à ce qu’il n’y ait pas de bouteilles en plastiques dans les loges ou sur scène. Mon équipe et moi utilisons exclusivement nos gourdes Surfrider pour boire de l’eau, qu’on remplit avec l’eau du robinet. On est conscient des usages uniques du plastique et on essaye toujours d’aller contre cela. Cela va prendre du temps. Les gens n’ont pas encore l’habitude, et je sais que quand on m’en propose c’est par gentillesse. J’espère juste qu’à force de quitter les loges n’ayant pas touché aux bouteilles d’eau, le message va commencer à passer et à fonctionner.

OSR : Et le surf dans tout ça ? Parviens-tu toujours à pratiquer ?

Peter Harper : C’est sûr, je n’y vais pas aussi souvent que j’aimerais, et là, étant sur la route pour la tournée de l’hiver en Europe, il n’y a pas de moment possible. Mais en Californie il y a encore des bons endroits où surfer pendant l’hiver. J’adore le surf et à chaque opportunité que j’ai pour aller à l’eau, j’y vais. La première fois que j’ai commencé, j’ai rencontré Keith et Dan Malloy sans savoir qui ils étaient ! Je trouvais qu’ils étaient hyper sympa et qu’ils donnaient de bons conseils. Je me disais qu’ils étaient très bons mais je ne savais pas du tout qu’ils étaient pros ! Moi, je ne suis pas un pro, mais un amoureux du surf. Quand tu es pro, tu fais avec le surf ce que je fais avec ma musique. Tu sors tous les jours, toute la journée, tu ne manques jamais une occasion. Quand tu es un amoureux du surf, tu fais ce que beaucoup de surfers font avec la musique, et tu pratiques quand tu peux, mais ça ne prend pas toute la place dans ma tête.

OSR : Au cours de tes voyages à travers le monde, as-tu pu percevoir un changement de mentalités concernant la protection de l’environnement ?

Peter Harper : Il y a des pays ou des zones dans le monde qui ont le luxe de pouvoir passer plus de temps à investir dans la protection de la planète. Certaines personnes vivent au jour le jour, et là c’est difficile d’être protecteur de l’environnement quand sa priorité est la survie. Evidemment cela crée une différence sur l’attitude adopté selon les endroits. Cela dit, sans parler de ceux qui tout simplement ne croient pas au réchauffement climatique, je pense que pour quasiment chaque personne avec qui je parle, on peut avoir une conversation avec elle et se mettre d’accord sur certaines bases, du genre on n’écrase pas son mégot de cigarette par terre - le mettre dans une poubelle fait réellement une différence. Combien de fois on regarde par terre et le sol est jonché de chewing gums ? Quand on en parle, les gens sont souvent d’accord que ce sont des mauvaises habitudes, maintenant comment traduire cette pensée en action ? C’est difficile à dire. Mon job n’est pas d’obliger les gens à faire quoi que ce soit. Je dois en parler, relayer le message quant à mon sentiment de ce qui est le mieux pour l’océan et la planète. Ensuite il faut permettre aux gens de prendre cette info, l’utiliser ou la rejeter. Je suis là pour exprimer mes croyances, mes pensées, mes sentiments. Si cela change certaines mauvaises habitudes, c’est super.

OSR : Si tu devais délivrer aujourd’hui un message fort, quel serait-il ?

Peter Harper : Les gens doivent se parler, c’est essentiel. Ceux qui ne croient pas aux mêmes choses, ceux qui n’ont pas les mêmes pensées politiques ont besoin de parler face à face et non plus par les réseaux sociaux où on peut si facilement supprimer un ami si son discours nous fatigue. Il faut parler surtout avec les gens avec lesquels on n’est pas d’accord, sans s’énerver. Tu sais qu’ils ne seront pas d’accord avec toi. Tu sais que vous n’avez rien en commun au niveau de la politique. Mais il faut réussir à trouver un terrain d’entente. Par exemple, tant de personnes adorent la musique, et la musique est une de ces choses qui fait que l’on dépasse des frontières. On peut être de droite ou de gauche et adorer Bob Marley. Marley était de gauche, mais la musique va dépasser souvent ces frontières. Quand on trouve ces liens, ce qu’il faut savoir faire c’est en retirer l’humanité de chacun. Quand on se dit que l’autre n’est pas humain, on a tendance à penser que tout ce que cette personne dit n’a aucun sens. On passe son temps à penser que l’autre est fou. Et l’autre pense que nous sommes fous. On peut continuer longtemps comme ça et ne pas avancer. J’essaye vraiment de prendre le temps, d’écouter. On peut débattre, il faut s’exprimer bien sûr, mais aussi savoir écouter ce que l’autre est en train de dire, c’est donnant donnant.

Tout cela est primordial si on souhaite le changement, si on veut soigner le monde, soigner la planète, soigner la division entre la gauche et la droite, tout commence par la tâche complexe de communiquer face à face, en s’écoutant.

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